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3 ième et 4 ième épisode (Version intégrale)

LES AVENTURES FANTASTIQUES DE ROBERTO 
 
 
 
Photos ci-dessous tirées du spectacle joué au théâtre Gérard Philippe à Montpellier en novembre 1998 dans sa version intégrale incluant les troisièmes et quatrième épisode de la série 
 
 
Personnages contemporains : 
 
ROBERTO 
MAMOUZELLE (Tenancière de l'Auberge de la Licorne) 
LE COMTE DE LA BOUCHE-EN-BIAIS 
MADEMOISELLE CATHERINE (Députée Régionale) 
AUGUSTIN (Mari de Mamouzelle) 
LUCIE DE MODESTIE (Fiancée du Comte) 
SYLVESTRE (Le Facteur) 
 
Personnages Moyenâgeux (voir Renaissance) : 
FLEURETTE (La Sorcière) 
LE CHEVALIER DE LA BOUCHE-EN-BIE 
EMILIO LE BALADIN 
FRERE DAVID 
LE SEIGNEUR DE MODESTIE 
MICKAËL (Le Troubadour) 
 
Lieu : « Auberge de la Licorne »  
(Ancien Relais Postal situé dans le Midi de la France) 
A l’écart du village de Maison-Du-Bois Doré 
 
 
Auteur : Emilien CASALI 
 
Genre : Comédie Fantastique 
 
 
PROTECTION SACD N° 172 748  
 
 
PROLOGUE 
 
LE CHEVALIER DE LA BOUCHE-EN-BIE,  
AUGUSTIN, MAMOUZELLE. 
Auberge de la Licorne. Nous sommes au début de l’automne. La pièce est à peine éclairée. En soirée… 
 
LE CHEVALIER, fait brusquement son apparition poussant un ricanement 
Ah, ah, ah, ah, ah !!! Ah, ah, ah, ah, ah !!! (Il se dirige lentement vers le bar, se place derrière et s'immobilise lorsque Augustin, le Maître des lieux, surgit, bougie en main)  
 
AUGUSTIN, sort de la chambre 
Il y a quelqu'un ? Il y a quelqu'un ?  
Le Chevalier, toujours placé derrière le bar, souffle sur la bougie et l'éteint 
 
AUGUSTIN, toujours 
Bon sang ! ma bougie s'est éteinte. Maudit courant d'air ! (Il se dirige vers la cuisine) Il doit y avoir des allumettes à la cuisine ? (Le Chevalier lui fait un croc-en-jambe) Bon sang ! Qui donc laisse traîner des objets par terre ? (Le Chevalier fait tomber une chaise) Il y a quelqu'un ?  
 
Augustin rentre dans la cuisine ; le Chevalier se place près de la porte, attendant le retour d'Augustin qui ne tarde pas à faire son retour ; le chevalier lui fait un croc-en-jambe) 
 
AUGUSTIN, toujours 
Nom d'une pipe !  
 
Le Chevalier s'enfuit par la cheminée 
 
MAMOUZELLE, surgit et éclaire la pièce en appuyant sur l’interrupteur 
Eh bien, Augustin, que se passe-t-il ? Que fais-tu allongé par terre ? 
 
AUGUSTIN 
J'ai entendu du bruit, tout à l'heure... alors je suis venu voir ce qui se passait ...puis ma bougie s'est éteinte et j'ai trébuché sur un objet…  
 
MAMOUZELLE 
Tu aurais pu éclairer la grande salle. Il te suffisait pour cela d'appuyer sur l'interrupteur. 
 
AUGUSTIN 
Je sais, je sais... mais je préfère utiliser la bougie à cette heure-ci plutôt que l'éclat violent du néon.  
 
MAMOUZELLE 
Remets la chaise que tu as fait tomber à sa place, et viens te coucher ! 
 
AUGUSTIN 
Ce n'est pas moi qui... 
 
MAMOUZELLE 
Bon, tu viens te coucher. 
 
AUGUSTIN 
D'où pouvaient provenir les ricanements de tout à l'heure ? Etrange que tout cela ?  
 
Il quitte les lieux, suivi de Mamouzelle 
 
FIN DU PROLOGUE 
 
-------------- 
 
ACTE 1 / SCENE 1 
 
AUGUSTIN, ROBERTO 
 
 
 
Quelques temps plus tard... 
 
AUGUSTIN, place des fagots dans la cheminée 
J'espère qu'il y en aura assez pour la soirée ? (Il passe derrière le bar et se un verre de vin) A propos... que vais-je manger ce soir ? Ma femme n'est toujours pas rentrée du village. Sans doute est-elle allée consulter Madame de Flipette la voyante du village de Maison-Du-Bois doré ? Et les connaissant toutes les deux, quand elles se mettent à bavarder, ça peut durer toute la nuit. Enfin ! Allons voir à la cuisine s'il n'y a pas quelque chose à grignoter. 
 
Augustin rentre dans la cuisine ; Roberto sort de la chambre, portant un peignoir et une écharpe autour du cou ; il tient dans une main un vieux manuscrit et dans l'autre un bâton. Il marmonne entre ses dents et fait le va-et-vient. Il semble répéter une scène de combat. 
 
AUGUSTIN, qui a fait son retour entre temps 
Je te sers un verre de Champinelle ? (Un temps) Un morceau de saucisson, peut-être ? 
 
ROBERTO 
Silence, mon ami ! J'apprends un rôle important.  
Il tombe à terre et reste immobile 
 
AUGUSTIN 
Il est très bon ce saucisson de pays ! 
 
ROBERTO 
Silence ! Il s'agit-là d'une scène importante. 
 
AUGUSTIN 
Tu comptes tenir en haleine les spectateurs pendant combien de temps ? 
 
ROBERTO 
Je mets justement cela au point ! 
 
AUGUSTIN 
Je te signale que ça fait trois jours que tu mets cette scène au point ! (Puis) As-tu trouvé ta réplique ? 
 
ROBERTO, se relève 
Il me tarde de la trouver car nous devons présenter la pièce au tout début du mois prochain. 
 
AUGUSTIN 
Dis-moi, Roberto, ne dois-tu pas partir à Florence cet après-midi pour y rejoindre Mademoiselle Roméo ? 
 
ROBERTO 
Je dois retardé mon départ d'une semaine... je suis grippé ces temps-ci. 
 
AUGUSTIN 
Tu comptes aborder d'autres scènes ? 
 
 
 
ROBERTO 
Non, pas avant d'avoir bien mis au point celle-ci. Je vais d'ailleurs profiter de la semaine pour bien la travailler. 
 
AUGUSTIN 
Cela promet ! 
 
ROBERTO 
Cela te dirait-il de me faire ma réplique ces jours-ci ? 
 
AUGUSTIN 
Hélas, je ne suis pas comédien… je n'ai pas une bonne mémoire. 
 
ROBERTO 
Ce ne sera pas bien compliqué. Bon, que mangeons-nous ce soir ? 
 
AUGUSTIN 
Du saucisson ! Pour la suite, il faudra attendre le retour de Mamouzelle qui rentrera du village en fin de soirée.  
 
ROBERTO 
Très bien. J'attendrai sagement son retour. 
 
AUGUSTIN, lui sert un verre de vin 
Je te sers un verre de Champinelle, en attendant ? 
ROBERTO 
Tu as le journal d'aujourd'hui ? 
AUGUSTIN, lui remet le journal 
Le voilà. 
 
ROBERTO 
Tiens ! il y a un article en première page sur le Comte de la Bouche-En-Biais : « Pour des raisons de restauration de la façade Sud du château de la Via Doré, Monsieur le Comte de la Bouche-En-Bié interrompt la visite hebdomadaire... il s'avère que celui-ci envisage de vendre son château au plus offrant ... (Puis) ... La Via Doré sera mise en vente le mois prochain, une fois les travaux achevés... vous pouvez d'hors et déjà vous renseigner à l'adresse suivante... » Etrange ! Je suis allé rendre visite au Comte le week-end dernier, et il ne m'en a pas parlé. 
 
AUGUSTIN 
Il s'agit-là de ses affaires. 
 
ROBERTO 
Il est vrai qu'il est libre de faire ce qu'il lui plaît de son château... mais enfin ! 
 
AUGUSTIN 
C'est ainsi, mon ami ! (Il met du bois dans la cheminée) A propos, Roberto, c'est bien toi qui m’as parlé d'un remède mexicain qui soigne des maladies en tout genre ? 
 
ROBERTO 
Eh bien... comme me le fit savoir le Docteur Castaneda à Mexico, cet été, le remède en question possède des vertus inimaginables, capables de venir à bout de certaines maladies contagieuses… 
 
AUGUSTIN 
Contagieuses ? Mais encore ? 
 
ROBERTO 
Des maux de tête, par exemple. 
AUGUSTIN 
Mais encore ? 
 
ROBERTO 
Dis-moi, mon ami, ne serais-tu pas atteint d'une maladie, ces  
temps-ci ? 
 
AUGUSTIN 
Il y a que... c'est trop délicat pour en parler. 
 
ROBERTO 
Mais non, mais non, dis-moi tout ! Peut-être que le Docteur Castaneda trouvera une solution à ton problème ? 
 
AUGUSTIN 
Eh bien, voilà... depuis plusieurs années je fais des crises d'épilepsies. 
 
ROBERTO 
Et c'est seulement aujourd'hui que tu m'en parles ? 
 
AUGUSTIN 
C'est trop personnel, comprends-le ? 
 
ROBERTO 
Comment se présentent les symptômes ? 
 
AUGUSTIN 
Tout d'abord, mon visage blanchit. Puis quelque chose de douloureux me rentre dans le crâne qu'il est difficile de maîtriser et qui a une emprise sur mon cerveau. Me voilà ensuite à terre, éprouvé par la douleur, seul comme un damné à ne savoir que faire ? Je dois tout simplement attendre que cela me passe, mais ça peut durer longtemps ? De plus, il faut qu'on me tienne la langue pour qu’elle ne se retourne pas, sans quoi je risque l'étouffement.  
 
ROBERTO 
Tu as bien fait de m'en parler ! 
 
AUGUSTIN 
Tu penses que le remède du Docteur Castaneda pourra me tirer d'affaire ? 
 
ROBERTO 
Bien entendu ! Seulement voilà... l'utilisation... enfin... les effets secondaires sont... comment dire ?... eh bien, il est déconseillé de forcer sur les doses... cela peut être dérangeant pour le cerveau à trop fortes doses. 
 
AUGUSTIN 
Quand pourrais-je le tester ? 
 
ROBERTO 
J'en attends justement une commande pour ces jours-ci. 
 
AUGUSTIN 
Formidable ! 
 
ROBERTO 
Bon sang ! Que fait Mamouzelle ? Elle n'est pas décidée à rentrer. Je commence à avoir faim. 
 
AUGUSTIN 
J'ai peur qu'elle n'ait eu un malaise sur le chemin du retour. Ca lui prend souvent ces temps-ci. 
 
ROBERTO 
Je vois... elle aussi fait des crises d'épilepsie ! Dis donc, l'automne n'est pas une bonne saison pour tout le monde ! 
 
AUGUSTIN 
Tu n'y es pas du tout ! 
 
ROBERTO 
Le Docteur Castaneda pourrait peut-être la tirer d'affaires ? 
 
AUGUSTIN 
Il s'agit de signes qui annoncent un heureux évènement pour le printemps prochain, mon cher Roberto. 
 
ROBERTO 
Vraiment ? 
 
AUGUSTIN 
Evidemment, tu étais tellement préoccupé avec ta pièce de théâtre que tu n'as rien remarqué d'étonnant sur Mamouzelle. 
 
ROBERTO 
De quoi s'agit-il ? 
 
AUGUSTIN 
Comment dire… ? 
 
ROBERTO 
Tu veux dire que… 
 
AUGUSTIN 
Parfaitement ! 
 
ROBERTO, lui fait une accolade 
Toutes mes félicitations au futur Papa et à la future Maman ! 
 
Tous deux continuent de boire du Champinelle. Petit à petit, ils s'endorment sur le bar. Mamouzelle entre ensuite, se dirige vers la cheminée pour y mettre une bûche. Roberto ouvre les yeux, l'aperçoit, se lève, la salue, puis file dans la chambre. Mamouzelle s’approche d'’Augustin, le secoue, mais ce dernier ne répond pas. Elle n'insiste pas et va se coucher.  
 
 
FIN DE LA SCENE 1 
 
------------------------------ 
 
ACTE 2 / SCENE 2 
 
MAMOUZELLE, AUGUSTIN, SYLVESTRE, ROBERTO 
 
Le lendemain matin... 
 
 
 
Augustin est toujours endormi sur le bar... 
 
MAMOUZELLE, sort de la chambre, aperçoit son mari endormi, se dirige à la cuisine, puis en ressort quelques secondes plus tard, une tasse de café en main 
Mon cher mari prendra son café habituel ou plutôt un verre de « Champinelle » ? 
 
AUGUSTIN, à moitié réveillé 
Pour le petit café, ça ira bien.  
 
Il se dirige vers elle et la tripote 
 
AMOUZELLE 
Voyons chéri, ce n'est pas le moment pour les galipettes !  
 
AUGUSTIN, agenouillé 
Laisse-toi faire, nous sommes seuls !  
Il pose ses mains sur son ventre 
Eh bien, pour cet heureux évènement, que t'a prédit Madame de Flipette ? Ce sera une fille ou un garçon ? 
 
MAMOUZELLE 
Ce sera une surprise ! 
 
SYLVESTRE, entre en chantant 
“I'm singing in the rain, just singing in the rain... what a glory high sphere... I’m happy again...” Salut la compagnie ! Comment vont les amours aujourd'hui ? 
 
AUGUSTIN 
Nos amours vont à merveille, mon cher Sylvestre !  
 
MAMOUZELLE 
Vous êtes bien matinal, Facteur.  
 
SYLVESTRE 
Aujourd'hui, ma tournée est moins longue que d'habitude... Généralement, à cette heure-ci, je me rends au château de Monsieur le Comte de la bouche-en-Bié... mais la route qui nous y conduit est barrée à cause des travaux. Vous n'êtes pas au courant ?  
 
MAMOUZELLE 
La Via Dorée barrée à cause des travaux ? 
 
SYLVESTRE 
Eh oui, ma petite dame ! Vous semblez ignorer que Monsieur le Comte de la bouche-en-Bié a décidé de vendre son château le mois prochain.  
 
MAMOUZELLE 
De vendre son château ? Vous en êtes bien sûr, facteur ?  
 
SYLVESTRE 
C'est écrit en clair dans les journaux, ces jours-ci.  
 
AUGUSTIN 
Ce sont là les affaires du Comte, Mamouzelle. Cela ne nous regarde pas. 
 
SYLVESTRE 
Bien que les raisons qui le poussent à agir de la sorte ne sont pas clairement précisées dans les journaux. Enfin ! Ce sont là les affaires du Comte de la bouche en Bié.  
 
MAMOUZELLE 
Le café est encore chaud, Sylvestre. Je vous en sers un ?  
 
SYLVESTRE 
Bien volontiers, ma petite dame ! Mon vouage fut si long que je n’ai guère eu le temps d’apaiser ma soif ! 
 
Mamouzelle sert le café à Sylvestre 
 
AUGUSTIN 
Du courrier, facteur ? 
 
SYLVESTRE, lui remet une lettre 
Voyez plutôt, cher Maître. 
 
AUGUSTIN 
Tiens donc ! un courrier parfumé qui nous vient de Vérone, destiné à Monsieur Roberto. 
 
MAMOUZELLE 
C'est sans doute une admiratrice ? 
 
 
 
SYLVESTRE 
Je crois bien qu'il s'agit de Mademoiselle Roméo !? Bon ! ce n'est pas tout, Augustin... et si vous lisiez la suite du feuilleton d'hier… (Il lui remet le journal) C'est en première page. 
 
AUGUSTIN 
De quoi s'agit-il ? 
 
SYLVESTRE 
Des mésaventures du Comte de la Bouche en Bié. 
 
AUGUSTIN, lit le journal 
Ca par exemple, Monsieur le Comte a disparu ! Etrange que tout cela ? 
 
SYLVESTRE 
Je voulais vous garder le meilleur pour la fin. 
 
ROBERTO, sort de la chambre 
Bonjour tout le monde ! Tu veux bien me servir un thé au Jasmin, Mamouzelle ? Comment allez-vous, facteur ? Les nouvelles sont fraîches aujourd'hui ? 
 
SYLVESTRE 
Plutôt parfumées ! 
 
AUGUSTIN, lui remet la lettre 
Il s'agit de ta fiancée qui t'envoie un courrier de Vérone. 
 
ROBERTO 
Ce n’est pas possible ! Je lui avais pourtant déconseillé d'aller à Vérone.  
 
 
 
MAMOUZELLE 
Un problème, Roberto ? 
 
ROBERTO 
Figure-toi que ma fiancée est à Vérone, chez les « Cornutto », un couple semeur de zizanie. Je l'avais pourtant prévenue. Quand je pense que nous devions fêter notre premier nniversaire de fiançailles à Florence, ces jours-ci. 
 
AUGUSTIN 
Mademoiselle Roméo a sûrement deviné que tu étais grippé, alors elle a pris les devants, en repoussant d'une semaine la date d'anniversaire.  
 
ROBERTO 
Pour aller à Vérone ! C’est idiot ! 
 
MAMOUZELLE, lui sert une tasse de thé 
Tiens, voilà ton thé au Jasmin !  
 
AUGUSTIN, présente le journal à Roberto 
Regarde, Roberto, qui est en première page, aujourd'hui !  
 
ROBERTO 
Monsieur le Comte n'a pas pu disparaître ainsi, sans en avertir ses amis ! 
 
AUGUSTIN 
Qu'est-ce qui a bien pu lui passer par la tête ? 
 
ROBERTO 
J'ai comme l'impression que Monsieur le Comte nous cache quelque chose d'important !? Et pourtant, la dernière fois que je l'ai vu, tout avait l'air bien normal pour lui... si ce n'est que... enfin... ce n'est pas bien important. 
 
AUGUSTIN 
Raconte toujours. 
 
 
 
ROBERTO 
En fait, il s'agissait d'un truc plutôt marrant. 
 
AUGUSTIN 
Eh bien, vas-y, fais-nous marrer ! 
 
ROBERTO 
Ce matin-là, je suis allé retrouver Monsieur le Comte à son château, et pour être très précis, nous avions prévu de déjeuner ensemble à onze heures. Jusque-là, tout allait bien. Puis vint le repas. Au fil des heures qui s'écoulaient durant notre entretien, il apparaissait sur son visage de minuscules boutons, tant et si bien que lorsque je le quittais en fin d’après-midi, il en était tout recouvert. 
 
AUGUSTIN 
Une allergie. 
 
ROBERTO 
Apparemment. 
 
AUGUSTIN 
Tu lui as parlé du fameux remède du docteur Castaneda ? 
 
ROBERTO 
J'y ai pensé, figure-toi. Mais cela ne nous explique pas son départ prématuré.  
 
AUGUSTIN 
Ces affaires ne marcheraient-elles plus ? 
 
ROBERTO 
Va savoir…  
 
SYLVESTRE, qui n’avait rien dit jusque là 
Je n'en crois rien, Messieurs ! Je pense plutôt que Monsieur le Comte s'est enfui du château pour une toute autre raison. 
 
ROBERTO et AUGUSTIN 
Une toute autre raison ? 
 
SYLVESTRE 
N'avez-vous jamais entendu parler d'un certain Chevalier à la Licorne ? 
 
AUGUSTIN 
Pas à ma connaissance. 
 
ROBERTO 
Pour ma part, non plus. 
 
SYLVESTRE 
Comment, Augustin ? Vous habitez à l'auberge de la Licorne depuis fort longtemps et vous n'avez jamais entendu parler du Chevalier à la Licorne ?  
 
ROBERTO 
Il y a un rapport avec l'auberge de la Licorne, Sylvestre ? 
 
AUGUSTIN 
Auberge de la Licorne... Chevalier à la Licorne... ça sonne !  
 
SYLVESTRE 
Sachez, Augustin, que cette Auberge fût, bien des siècles avant que votre dame et vous-même ne vous y installiez, un relais postal qui accueillait les pèlerins de passage dans notre Comté de Maison-du-Bois Doré.  
 
AUGUSTIN 
Je crois bien l'avoir lu dans l'historique de la Région.  
 
SYLVESTRE 
Vous saviez donc que le Chevalier à la Licorne fût le Maître des lieux, et que Licorne était un nom d'emprunt. 
 
ROBERTO 
Mais qui se cachait derrière ce nom d'emprunt ? 
 
SYLVESTRE 
Un certain Chevalier de la Bouche-en-Bié ! 
 
 
 
AUGUSTIN 
Il s'agirait donc d'une parenté du Comte. 
 
SYLVESTRE 
Son ancêtre ! 
 
ROBERTO 
Vous voulez dire que l’ancêtre du Comte de la Bouche-En-Biais aurait pris un nom d'emprunt ?  
 
 
 
SYLVESTRE 
De la Bouche-en-Bié, et non de la Bouche-en-Biais, comme le prétendirent bien plus tard ses successeurs. 
 
AUGUSTIN 
Ce qui fait encore à ce jour du remous dans le voisinage, comme nous le savons bien. 
 
ROBERTO 
Je ne comprends pas ? Pour quelles raisons avoir choisi un nom d'emprunt ?  
 
SYLVESTRE 
Ca, nous n'en savons rien ! Par contre, ce que nous savons, et la Légende le raconte si bien !... c’est que fantôme du Chevalier à la Licorne viendrait hanter le château de la Via Dorée tous les cinquante ans.  
 
AUGUSTIN 
Etrange que tout cela ? 
 
SYLVESTRE 
Et la date de son prochain retour est d’ailleurs fixée pour la fin de l'automne.  
 
ROBERTO 
Serait-ce pour cette raison que Monsieur le Comte a fui le château ? 
 
MAMOUZELLE 
Allons, Messieurs, ce n'est pas une histoire de fantôme qui effraierait Monsieur le Comte, tout de même ! 
 
SYLVESTRE 
Hélas, c'est pourtant vrai ma petite dame ! D'ailleurs, mon grand-père, qui faisait le même métier que moi à l'époque de la dernière apparition du Chevalier, racontait dans tout le voisinage qu'il se passait des choses étranges du côté de la Via Dorée. 
 
 
 
ROBERTO, MAMOUZELLE, AUGUSTIN 
Des choses étranges ? 
 
SYLVESTRE 
Mon grand-père disait entendre des ricanements à mille lieux du château ! 
 
AUGUSTIN 
Des ricanements ? 
 
SYLVESTRE 
Le grand-père de Monsieur le Comte, pris de panique, aurait aussi pris la fuite. Vous parliez d'une allergie, Roberto, qui se manifestait sur le visage de Monsieur le Comte... eh bien, figurez-vous que ce fût le même cas pour son grand-père. 
 
ROBERTO 
Autrement dit, le fantôme du Chevalier serait bel et bien de retour.  
 
SYLVESTRE 
Il est bel et bien de retour ! 
 
AUGUSTIN 
Je crois que je vais faire de l'allergie, moi aussi. 
 
MAMOUZELLE 
Ah non, Augustin, tu ne vas pas me refaire ta crise !  
 
SYLVESTRE 
Rassurez-vous ma petite dame, ici à l'auberge, vous ne risquez pas sa venue... seul le château l'intéresse. 
 
ROBERTO 
Et pourquoi cela, Sylvestre ? 
 
SYLVESTRE 
Nous n'en savons rien, Roberto. Cela reste un mystère pour tout le voisinage. La légende dit seulement que le fantôme court encore après sa licorne. Ha, ha, ha, ha, ha ! Sur ce, je vous quitte... je dois reprendre ma tournée matinale. A bientôt, compagnons ! Et surtout, pas un mot de ce que je viens de vous conter là au sujet du Chevalier de la Bouche-En-Biéééééé courant après sa Licorne. Ha, ha, ha, ha, ha, ha, ha, ha, ha, ha, ha, ha, ha ha !!!!!  
 
 
 
FIN DE LA SCENE 2 
 
------------------- 
 
 
ACTE 1 / SCENE 3 
 
LE COMTE DE LA BOUCHE-EN-BIAIS, ROBERTO, MAMOUZELLE, AUGUSTIN, SYLVESTRE  
 
 
 
LE COMTE, entre, masqué, tenant une canne en main 
De la Bouche-En-Biais, Sylvestre ! De la Bouche-En-Biais, Biais, Biais, Biais, Biais, en Biais, bon sang !!!! Combien de fois faudra-t-il vous le dire, espèce d’idiot ? Ce n'est pourtant pas si difficile à prononcer. 
 
MAMOUZELLE, AUGUSTIN, ROBERTO 
Monsieur le Comte de la Bouche-En-Biais ! Vous, ici ? 
 
SYLVESTRE 
Et en plus de cela, masqué ! 
 
LE COMTE 
Christophe Charles Henri René Christian Bernard de la Bouche-En-Biais, Comte de Maison-Du-Bois Doré ! Ici même, oui ! Comme mille hectares de vigne plus mille hectares de vigne font deux mille hectares de vigne ! (Il pince L’oreille de Sylvestre) Dorénavant, Sylvestre, vous me ferez parvenir mon courrier à l'Auberge de la Licorne. Je compte y séjourner quelques temps dans la plus grande discrétion. Ce ne sera pas nécessaire d'avertir tout le voisinage. 
 
SYLVESTRE 
Ce sera entre vous et moi, Monsieur le Comte de la Bouche-En-Biais, Biais, Biais, Biais !  
 
LE COMTE, lui botte les fesses 
Foutez le camp ! 
 
SYLVESTRE 
A bientôt, Chevalier ! (Il sort) 
 
LE COMTE 
Qu'attendez-vous pour me servir un verre de « Champinelle », Augustin ? (Un temps) Eh bien, c'est pour la prochaine Lune ?  
 
AUGUSTIN, lui sert un verre 
C'est pour maintenant, Monsieur le Comte ! 
 
LE COMTE 
Si je dois m'en aller, dites-le moi ! 
 
AUGUSTIN, lui tend le verre 
Bien sûr que non, Monsieur le Comte ! Nous sommes toujours ravis de recevoir à l'Auberge de la Licorne un pèlerin de passage. (Le Comte se saisit du verre) Puis-je vous retirer votre peignoir ? 
 
LE COMTE 
Surtout, ne me touchez pas ! Je suis atteint d'une allergie ces temps-ci. C'est sans doute contagieux ? 
 
 
 
AUGUSTIN 
Le Docteur Castaneda va bientôt vous tirer d'affaires, Monsieur le Comte ! 
 
LE COMTE 
Qui cela ? 
 
AUGUSTIN 
Un homme qui vous veut du bien. 
 
MAMOUZELLE 
Tu veux bien mettre du bois dans la cheminée, Augustin, on commence à se les geler tous les deux ! 
 
ROBERTO 
Allons Papa, bébé te réclame !  
 
AUGUSTIN 
Je t'ai déjà dit, Mamouzelle, que je n'aimais pas être dérangé pendant l'apéritif ! 
 
LE COMTE 
Faites votre devoir de papa, Augustin, avant que votre femme ne nous refasse sa crise de l'autre jour. 
 
AUGUSTIN 
Voilà, voilà ! 
 
ROBERTO, se rapproche du Comte, journal en main 
Monsieur le Comte a de l'allergie ? 
 
LE COMTE, dégustant son verre de vin 
Je viens d'en parler à l'instant même. 
 
ROBERTO 
J'avais les yeux collés sur la première page du journal... j'étais très attentif au sujet d'un article vous concernant. Tenez, jetez-y un coup d'œil !  
 
LE COMTE 
Je regrette ... je vois flou sans mes lunettes. 
 
ROBERTO 
Parlez-moi un peu de votre allergie. 
 
LE COMTE 
Que voulez-vous que je vous chante?... Qu'elle se manifeste uniquement quand je me trouve dans mon château. 
 
ROBERTO 
Vous comptez réellement vendre votre château ?  
 
LE COMTE 
C'est écrit en clair dans les journaux. 
 
ROBERTO 
Votre histoire devient floue de jour en jour. 
 
LE COMTE 
Fichez-moi la paix ! 
 
AUGUSTIN, qui place des bûches devant la cheminée 
Ce sont là les affaires du Comte, Roberto. (Après avoir placé les bûches, il se dirige derrière le bar et se saisit d’une bouteille) Monsieur le Comte désire prendre un autre verre de Champinelle ? (Il s'apprête à le servir) 
 
LE COMTE, lui prend la bouteille des mains 
Vous reste-t-il une chambre de libre, mon ami ? 
 
AUGUSTIN 
Il y a toujours une chambre de libre pour un pèlerin de passage ! 
 
LE COMTE 
Espèce d'idiot ! Je ne suis pas en pèlerinage, ces temps-ci. Je suis en séjour incognito.  
 
AUGUSTIN 
Vraiment ? 
 
LE COMTE 
Je m'installe quelques temps à l’Auberge… le temps pour moi de trouver un acheteur.  
 
AUGUSTIN 
Si Monsieur le Comte veut bien me suivre jusqu'à sa chambre.  
 
LE COMTE 
Les valises se trouvent dans le coffre de mon auto.  
 
AUGUSTIN 
Je m'en occupe. (Il s'apprête à sortir) 
 
MAMOUZELLE 
N'oublie pas de mettre les bûches dans la cheminée, Augustin !  
 
AUGUSTIN, fait demi-tour et se dirige vers la cheminée 
Voila, voilà !  
 
LE COMTE 
Vérifiez aussi la pression des pneus ! 
 
AUGUSTIN, fait demi-tour et se dirige vers la sortie 
Très bien, Monsieur le Comte !  
 
MAMOUZELLE 
La cheminée, Augustin !  
 
AUGUSTIN, fait demi-tour et se dirige vers la cheminée 
Tout de suite ! 
 
LE COMTE, l'intercepte par le bras et l'entraîne vers la chambre 
Je vous rends votre homme, Mamouzelle, dès que j'en aurai fini avec lui !  
 
MAMOUZELLE 
Combien de temps comptez-vous séjourner ici, Monsieur le Comte et j’en passe ?  
 
LE COMTE 
Une semaine environ... enfin… le temps pour moi de trouver une autre demeure.  
 
Le Comte prend la direction des chambres 
 
MAMOUZELLE 
Notre Auberge manquait d'attraction. (Puis elle s'adresse à Roberto) Dis, Roberto, tu comptes déjeuner à l'Auberge aujourd’hui ?  
 
ROBERTO 
J'attends le petit déjeuner avec impatience ! 
 
MAMOUZELLE 
Dans ce cas, sois à l'heure !  
 
ROBERTO 
Que nous prépares-tu de bon pour ce midi ?  
 
MAMOUZELLE 
Des spaghettis « Alla Veronese » ! 
 
ROBERTO 
Je te demande pardon ?  
 
MAMOUZELLE 
Figure-toi que c'est Mademoiselle Roméo qui m'a montré la recette.  
 
ROBERTO 
Depuis quand ma fiancée cuisine-t-elle ?  
 
MAMOUZELLE 
Tu l’ignorais ? 
 
ROBERTO 
Encore un coup des « Cornutto » ! Mais enfin...  
 
MAMOUZELLE 
Quelque chose ne va pas ?  
 
ROBERTO 
Si, si, tout va bien ! A propos, je suis au courant pour l'heureux évènement ! 
 
MAMOUZELLE 
L'heureux évènement ? Ah ! Mais oui, bien sûr ! C’est pour le mois d'août ! Seulement, j'ignore s’il s’agit d’une fille ou d’un garçon ? Bon, ce n’est pas tout, je dois faire bouillir les spaghettis ! (Elle va à la cuisine) 
 
Roberto quitte les lieux à son tour. 
 
FIN DE LA SCENE 3 
 
 
--------------- 
 
 
ACTE 1 / SCENE 4 
 
LE CHEVALIER DE LA BOUCHE-EN-BIE,  
FRERE DAVID, FLEURETTE LA SORCIERE 
 
 
 
Quelques siècles en arrière... Au relais postal... 
 
 
L'Action se déroule à présent au Relais Postal de  
Maison-Du-Bois Doré, en l'An de grâce 1492 
 
LE CHEVALIER, entre, suivi de Fleurette 
Que me contes-tu là, Fleurette ? 
 
FLEURETTE 
Sois au rendez-vous, te dis-je ! Elle y sera, Noble Chevalier. 
 
LE CHEVALIER 
Son père lui a pourtant interdit de me revoir jamais ! 
 
FLEURETTE 
Elle viendra te rejoindre lorsque paraîtra la lune pleine. 
 
LE CHEVALIER 
Et quand paraîtra-t-elle ? 
 
FLEURETTE 
Lorsque surgiront en ce lieu les ongles de la nuit. 
 
LE CHEVALIER 
Tu dis aussi qu'elle accepte de me donner sa main. 
 
FLEURETTE 
Là est son unique voeux, Noble Chevalier.  
 
LE CHEVALIER 
Dis-moi, vieille Sorcière, trouves-tu mon habit assez présentable ? 
 
FLEURETTE 
Je le trouve, ma fois, fort jolie ! Me laisserais-tu de la main le toucher si je t'en priais ? 
 
LE CHEVALIER 
Comment puis-je te le refuser. Fais à ta guise !  
 
FLEURETTE 
Le puis-je réellement ? 
 
LE CHEVALIER 
Puisque je te le dis, vieille Sorcière. 
 
 
 
FLEURETTE 
Quelle blancheur ! Son tissu est d'une belle résistance.  
 
CHEVALIER 
On nomme cela du coton. C'est mon ami Emilio le Baladin qui me l'offrit en présent lors de sa dernière visite. 
 
FLEURETTE 
Surtout, n'en change point. Mes ongles s'y agrippent de si belle façon. 
 
LE CHEVALIER 
Entends-tu par là qu'elle désire tout comme moi me prendre au creux de ses bras ? 
 
FLEURETTE 
Elle ne chérie point d'autres idées, Noble Maître.  
 
FRERE DAVID 
Ah ! Chevalier de la Bouche-En-Bié ! Je m'en viens vous quérir car vos destriers sont maintenant apprêtés et dûment ferrés. 
 
LE CHEVALIER 
Ce n'est plus nécessaire, Frère David, je ne retournerai plus à mon château, j'ai rendez-vous avec la pleine Lune. 
 
FRERE DAVID 
Avec la Pleine Lune ? 
 
 
 
LE CHEVALIER 
Fleurette me contait l'instant passé une très belle histoire.  
 
FRERE DAVID 
Vous plairait-il de m'en faire le récit ? 
 
LE CHEVALIER 
Le plus heureux évènement de ma vie se produira lorsque la Lune Pleine paraîtra aux cieux. 
 
FRERE DAVID 
Et quel évènement pourrait à ce point réjouir notre beau Chevalier ? 
 
LE CHEVALIER 
Je ne puis t'en dire mot. 
 
FRERE DAVID 
Ce qui est secret pour vous, Noble Chevalier, l'est tout autant pour moi. 
 
LE CHEVALIER 
Mais celui-la, Frère David est entre Fleurette et moi, et personne d'autre que nous n'en doit connaître un trait. N'est-ce pas vieille sorcière ? 
 
FLEURETTE 
Je serai aussi muette que la tombe, Noble Chevalier !  
 
LE CHEVALIER 
Promets-moi bien de te taire ! Aucun mot, le plus petit soit-il ne doit jamais sortir de ta bouche. Personne dans le Comté ne doit savoir, m'as-tu bien compris ? 
 
FLEURETTE 
Mes lèvres seront scellées telle la porte du caveau, Noble Chevalier ! 
 
FRERE DAVID 
Et si l'on trinquait, à présent ? 
 
FLEURETTE 
Ce serait la, grande joie, Noble Chevalier, mais vois-tu, la nuit va bientôt tomber et il me faut l'accueillir. 
 
FRERE DAVID 
Ce que j'aimerais pouvoir t'accompagner, Fleurette ! 
 
FLEURETTE 
Ce genre d'affaires ne t'est point destiné, Frère David.  
 
LE CHEVALIER 
Allons, Frère David, ne retarde pas cette vieille sorcière ! Ne vois-tu pas qu'elle a un miracle à accomplir ? Car, c'est bien cela, Fleurette, tu t'enfuis chercher la Lune ? Va donc, va donc ! 
 
FLEURETTE 
Ce sera pour ce soir, Noble Chevalier. Tiens-toi prêt ! 
 
LE CHEVALIER 
Alors ce vin, Frère David ! J'attends ! 
 
FRERE DAVID 
Je suis à vous, Chevalier ! Je finis de prendre quelques notes.  
 
LE CHEVALIER 
J'ai soif ! 
 
FRERE DAVID 
Voilà ! Voilà ! (Un temps) Dites-moi, Chevalier, allez-vous enfin me livrer votre secret? 
 
LE CHEVALIER 
Hélas, je ne le puis. 
 
FRERE DAVID 
Vous ne vous faites point prier d'habitude. 
 
LE CHEVALIER 
Soit ! Mais je ne t'en livrerai qu'une infime partie. 
 
 
 
FRERE DAVID 
Je savais bien que vous n'aviez point de secret pour moi, Noble Chevalier. 
 
LE CHEVALIER 
Si je te disais qu'un heureux évènement m'attend à la pleine Lune, cela comblerait-il ta curiosité, Frère David ? 
 
FRERE DAVID 
Et quand surgira-t-elle ? 
 
LE CHEVALIER 
Lorsque surgiront en ce lieu les ongles de la nuit. 
 
FRERE DAVID 
Cela, je l'entends bien. Mais quand ? 
 
LE CHEVALIER 
Je dois en finir ici, tu en connais déjà bien trop ! 
 
FRERE DAVID 
Fort bien, Seigneur. De toutes façons, il arrivera ce qu'il doit arriver. A votre santé, Noble Chevalier ! 
 
LE CHEVALIER 
Elle viendra, j'en suis sûr !  
 
FRERE DAVID 
Qui donc doit venir ? 
 
LE CHEVALIER 
Personne. Je me parlais à moi-même. 
 
FRERE DAVID 
Ah ! J'y vois mieux. Je sais qui est l'objet de vos pensées.  
 
LE CHEVALIER 
Que racontes-tu, imbécile ? 
 
FRERE DAVID 
Ne s'agirait-il point de cette Damoiselle dont vous fûtes épris naguère, lorsque vous la rencontrâtes pour la première fois au repas que donnait son père, le Seigneur De Modestie. Serait-elle de retour dans votre esprit ? 
 
LE CHEVALIER 
Las ! Je t'en prie, Frère David, ne me questionne point. Vaque à ta besogne ! Tiens ! Si tu rejoignais tes écrits. 
 
FRERE DAVID 
En ce cas, je vous quitte, Chevalier, vous laissant seul pour sa venue... Que les rêves vous soient doux ! (Il quitte les lieux) 
 
LE CHEVALIER 
Certes, doux, ils le seront. (Il quitte les lieux à son tour) 
 
FIN DE LA SCENE 4 
 
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ACTE 1 / SCENE 5 
 
MAMOUZELLE, ROBERTO 
 
De nos jours... A l'Auberge de la Licorne... 
 
Roberto sort de chambre, un bâton dans une main et un manuscrit dans l'autre. Il fait le va-et-vient. Il travaille sa scène de théâtre en faisant des gestes très ample 
 
MAMOUZELLE, sort de la cuisine, une cocotte minute en main, observe Roberto 
Tout s'arrangera, Roberto ! Tu n'es pas obligé de te mettre dans un pareil état. Elle te reviendra ta fiancée ! 
 
ROBERTO 
Silence ! Je mets une scène au point. 
 
MAMOUZELLE 
Tu risques de l'effrayer avec tous ces gestes brusques.  
 
ROBERTO 
La scène est mouvementée, je sais. 
 
MAMOUZELLE 
Ce n'est pas comme ça qu'il faut t'y prendre avec ta fiancée. 
 
ROBERTO 
Je ne vois pas ce que Roméo vient faire dans cette scène. 
 
MAMOUZELLE 
Vraiment pas ? 
 
ROBERTO 
Je te dis qu'il s'agit-là d'une scène que je règle en ce moment pour le compte d'une pièce de théâtre qui doit se jouer prochainement dans la région...  
 
MAMOUZELLE 
Tu ferais bien de lui conter Fleurette à ta bien-aimée. 
 
ROBERTO 
Je t'en prie, ne me parle plus d'elle. 
 
MAMOUZELLE 
Dans ce cas, si tu veux bien passer à table… Je vais te servir le délicieux plat que ta future victime m'a appris. 
 
ROBERTO 
Ma future victime, dis-tu ? 
 
MAMOUZELLE 
Parfaitement ! 
 
ROBERTO 
Je ne vois vraiment pas ce que la victime de cette pièce a à voir avec le repas de ce Midi ? 
 
MAMOUZELLE, ouvre le couvercle de la cocotte minute 
Voici le plat du jour !  
 
ROBERTO 
Des pâtes au beurre, et alors ? 
 
MAMOUZELLE 
Elle sont préparées « Alla Veronese » !... avec un soupçon d'épices ! 
 
ROBERTO 
“Alla veronese... alla Veronese…” Tout compte fait, je n'ai pas faim, Mamouzelle. (Il retourne dans les chambres) 
 
MAMOUZELLE 
Bon débarras ! Maintenant, je n'aurai plus à supporter d'autres divagations de sa part. Je comprends mieux sa fiancée… (Elle retourne à la cuisine) 
 
FIN DE LA SCENE 5 
 
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ACTE 1 / SCENE 6 
 
AUGUSTIN, SYLVESTRE 
 
Quelques heures plus tard... 
 
SYLVESTRE, entre dans l’auberge 
“ I'm singing in the rain, just singing in the rain... what glory high sphere... I’m happy again !!! " (Puis) Debout les morts ! 
 
AUGUSTIN, sort de la cave 
Désolé, Sylvestre, c'est l'heure de la sieste. Repassez plus tard ! 
 
SYLVESTRE 
C'est que j'ai un colis urgent à remettre à Monsieur Roberto. 
 
AUGUSTIN 
Voyez-vous, mon ami, chez moi, la sieste c'est sacré... alors... 
 
SYLVESTRE 
Il s'agit d'un colis express en provenance de Mexico, cher Maître ! Sachez qu'il a fallu que je me passe de la sieste pour vous l'amener.  
 
AUGUSTIN 
Un colis express en provenance de Mexico, dites-vous ? 
 
SYLVESTRE 
C'est un certain Docteur Castaneda qui vous l'envoie. 
 
AUGUSTIN 
Castaneda ? Castaneda ? Ah ! Mais bien sûr ! Il s'agit du fameux remède. 
 
SYLVESTRE 
Avec un nom aussi louche, comment pourrait-on l'oublier. 
 
AUGUSTIN 
Roberto et moi attendions ce colis avec impatience. Si vous voulez bien me le confier, je le lui remettrai en main propre. 
 
SYLVESTRE 
Souhaitons que ce remède fera votre bonheur. Sur ce, je vous salue, cher maître, la sieste m'attend. Et comme vous le dites si bien, « la sieste, c'est sacré » ! 
 
AUGUSTIN, sort de dessous sa veste une bouteille qu’il remet à Sylvestre 
Tenez, Facteur, voici pour vous une bonne bouteille de « Champinelle ». Vous l'avez bien mérité ! 
 
SYLVESTRE 
Là, Augustin, je vous reconnais bien dans votre rôle favori. 
 
AUGUSTIN 
Tout le plaisir est pour moi, Sylvestre. Notre Auberge est un peu l'avant poste du pays des rêves, et je n'en suis que l'humble gardien. De plus, il y a une tradition qui perdure au fil des siècles, que celle de donner aux pèlerins de passage et à tous ceux qui repartent sur les routes un peu de réconfort.  
 
SYLVESTRE 
« Aux pèlerins ! Aux pèlerins ! » Ah ! Ah ! Ah ! Ah ! Vous en faites un beau de pèlerin, compère ! Allez ! Je vous dis à demain, pour plus de réconfort. (Puis) « Aux pèlerins ! Aux pèlerins ! » Ah !Ah ! Ah ! Ah ! (Il sort ensuite)  
 
AUGUSTIN 
Enfin, te voilà, remède tant désiré ! On m'a tellement parlé de toi. (Il retourne à la cave) 
 
FIN DE LA SCENE 6 
 
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ACTE 1 / SCENE 7 
 
Quelques siècles en arrière... 
 
LE CHEVALIER, EMILIO LE BALADIN 
 
EMILIO LE BALADIN 
Allons, debout, Frère David ! J'arrive de voyage et j'ai moult présents en mon bagage. 
 
LE CHEVALIER 
Baladin ! Ton retour est enfin accompli ! Cela me comble de joie !  
 
EMILIO LE BALADIN 
Vous ici, Chevalier De la Bouche-en-Bié, à une heure si nuitamment avancée ? 
 
LE CHEVALIER 
Et pour cause ! Ce soir, j'attends un heureux évènement.  
 
EMILIO LE BALADIN 
Tout soir est le berceau d'un heureux évènement, preux Chevalier ! Des myriades d'étoiles y dansent pour nous un ballet de lumière.  
 
LE CHEVALIER 
Mais ce soir est pour moi plus important que tous les autres soir. J'ai rendez-vous avec la Pleine Lune. 
 
EMILIO LE BALADIN 
Votre attente semble impatiente ? 
 
LE CHEVALIER 
Elle doit m'apporter le salut. 
 
EMILIO LE BALADIN 
Et comment être sûr de sa ponctualité ? Ne savez-vous point que jamais elle annonce sa venue dans nos cieux ? 
 
LE CHEVALIER 
S'il le faut je ferai mon attente éternelle ! 
 
EMILIO LE BALADIN 
Je vous souhaite patience jusque-là. 
 
LE CHEVALIER 
Elle s'en viendra ce soir ! Fleurette m'en a fait la promesse.  
 
EMILIO LE BALADIN 
Ah ! Si Fleurette vous en a fait la promesse, alors vous êtes libre de choisir les contes en lesquels vous avez foi. 
 
LE CHEVALIER 
L'avenir nous le dira. Mais en attendant, trinquons, Compagnon !  
 
EMILIO LE BALADIN 
Bien volontiers, Chevalier ! Mon vouage fut si long que je n'ai guère eu le temps d'apaiser ma soif. 
 
LE CHEVALIER 
Eh bien, quoi de mieux pour l'apaiser que le fruit de mes dernières récoltes. 
 
EMILIO LE BALADIN 
Dites-moi, Chevalier, où donc Frère David s'en est-il allé ? 
 
LE CHEVALIER 
Ton Frère Spirituel se repose. 
 
EMILIO LE BALADIN 
Dans ce cas, ne dérangeons pas son sommeil. A votre santé, Chevalier !  
 
LE CHEVALIER 
Elle viendra, j'en suis sûr ! 
 
EMILIO LE BALADIN 
A propos, iriez-vous décrocher la Lune pour elle ?  
 
LE CHEVALIER 
Pour elle ? 
 
EMILIO LE BALADIN 
Et bien oui, pour elle ! 
 
LE CHEVALIER 
Qu'es-tu en train de me conter là, Baladin ? 
 
EMILIO LE BALADIN 
Nous n'avions pas encore jeté l'ancre, mes Compagnons et moi-même, que déjà l'on me chantait vos aventures. 
 
LE CHEVALIER 
Je t'ordonne de me conter quelle musique court sur le port !  
 
EMILIO LE BALADIN 
Désirez-vous vraiment savoir ce que l'on chante de vous, Chevalier ?  
 
LE CHEVALIER 
Je te répondrai en te faisant savoir s'il y a là la moindre vérité. 
 
EMILIO LE BALADIN 
La chanson du port raconte que votre coeur s'est épris de la jolie fille du Seigneur de modestie. 
 
LE CHEVALIER 
Mais encore ? 
 
EMILIO LE BALADIN 
La chanson dit ensuite que la belle accepte de vous donner sa main.  
 
LE CHEVALIER 
Sang Dieu ! Mais ce n'est plus un secret si on le crie partout dans le voisinage. 
 
EMILIO LE BALADIN 
Sachez que tout le monde est heureux de le partager avec vous.  
 
LE CHEVALIER 
En as-tu la certitude ? 
 
EMILIO LE BALADIN 
Les étoiles ne suffisent-elles point à vous éclairer ? De plus, il s'agit-là de votre salut. 
 
LE CHEVALIER 
Ah ! Que de réconfort tu peux m'apporter. 
 
EMILIO LE BALADIN 
Et pour cette heureux évènement, je vous ai rapporté de mon dernier voyage un présent de bon augure. 
 
LE CHEVALIER 
Dois-je encore accepter ? Tu me combles de tant d'offrandes.  
 
EMILIO LE BALADIN 
En de telles circonstances, il est pour moi de bon aloi de vous prouver ma reconnaissance. D'autant plus que ce geste m'est dicté par la main de la providence. 
 
LE CHEVALIER 
Tu es si généreux, Emilio le baladin, mon ami, que c'est plutôt à moi de te prouver ma reconnaissance. 
 
EMILIO LE BALADIN 
Il nous faut remercier l'étoile du firmament, celle qui amena nos pas à se croiser sur le chemin de l'amitié. Acceptez-vous ce nouveau présent ? 
 
LE CHEVALIER 
Le dernier m'avait déjà donné tant de satisfaction.  
 
EMILIO LE BALADIN 
Dites-moi, Chevalier, avez-vous pensé à ce que vous alliez offrir à la belle ? Oubliez-vous donc qu'elle s'en vient vous offrir son coeur et sa main ?  
 
LE CHEVALIER 
Au contraire ! C'est là l'unique objet de mes pensées. 
 
EMILIO LE BALADIN, sort un écrin de sa poche 
Eh bien, vous lui remettrez ceci.  
 
LE CHEVALIER 
De quoi s'agit-il ? 
 
EMILIO LE BALADIN, lui remet l’écrin  
Il y a dans cet écrin une bague taillée dans du cristal.  
 
(Le Chevalier De la Bouche-En-Bié ouvre l'écrin, Une lumière en jaillit qui lui baigne le visage d'une douce clarté) 
 
LE CHEVALIER 
Cette bague est si différente des autres bijoux. Elle est si belle, qu'en la contemplant, j'ai l'impression de me mirer dans toutes les merveilles du monde. Mais où l'as-tu eue ? Qui donc l'a fabriquée ?  
 
EMILIO LE BALADIN 
Elle fut conçue au coeur d'une vallée interdite. L'Artiste qui l'a fit naître est un sage et se nomme « Fernando Figlio del Vento ». Ses mains sont faites de pure grâce. Mais tout d'abord, elle fut dessinée par Raphaël Belleplume, un artiste aux doigts plus légers que la plume de l'oiseau de cristal, dont il se sert pour exécuter ses oeuvres. 
 
LE CHEVALIER 
Mais c'est une Licorne qui en orne la gemme !  
 
EMILIO LE BALADIN 
La Licorne est signe de pureté. Elle vous guidera votre belle et vous-même vers de belles destinées. 
 
LE CHEVALIER 
Ton présent me comble déjà de bonheur. 
 
EMILIO LE BALADIN 
Elle vous protégera tous deux contre le mal et l'adversité.  
 
LE CHEVALIER 
Je suis assez fort pour vaincre qui que ce soit, et entends bien protéger ma tendre aimée avec le rempart de mon corps. 
 
EMILIO LE BALADIN 
Certes ! Certes ! Mais il est des forces du mal que le bien ne peut abattre. Cette bague vous aidera à lutter contre elles. Je dois vous quitter, à présent, mes Compagnons m'attendent afin que nous puissions dresser les voiles au petit jour...  
 
LE CHEVALIER 
Pourrais-je jamais assez te remercier, mon ami Emilio le Baladin ? 
 
EMILIO LE BALADIN 
Vous n'avez nul besoin de me remercier, Chevalier. Le destin guide mes pas vers l'éternel, et ma plus belle récompense est ce sourire sur votre visage.  
 
LE CHEVALIER 
Tu es un sage, Emilio. Et où le destin va-t-il guider tes Voiles, cette fois-ci ? 
 
EMILIO LE BALADIN 
Il m'entraîne dans une croisade vers l'inconnu, vers un pays où nul n'a jamais posé le pied… Je m'en vais à la recherche de la vérité ! Adieu, Chevalier ! Je vous souhaite longue vie ! Et que les étoiles éclairent votre chemin !  
 
 
FIN DE LA SCENE 7 
 
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ACTE 1 / SCENE 8 
 
De nos jours... à l'Auberge de la Licorne… 
 
MADEMOISELLE CATHERINE,  
MAMOUZELLE, LE COMTE 
 
 
 
Mademoiselle Catherine entre dans l’auberge, aperçoit la cocotte minute, ouvre le couvercle... 
 
MAMOUZELLE , surgit au même moment 
Mon plat semble faire recette !? 
 
MADEMOISELLE CATHERINE 
Il possède un fumet venu de nulle part. 
 
MAMOUZELLE 
Vous voulez peut-être y goutter ? 
 
MADEMOISELLE CATHERINE 
J'accepte avec joie ! 
 
MAMOUZELLE 
Mais tout d'abord, je vais vous servir un verre de « Champinelle », chère Madame... 
 
MADEMOISELLE CATHERINE 
Mademoiselle Catherine, Députée Régionale du Languedoc-Roussillon ! Je suis en mission incognito à Maîson-Du-Bois Doré. 
 
MAMOUZELLE 
Et moi, c'est Mamouzelle, la tenancière de l'Auberge de la Licorne, Mademoiselle la Députée. 
 
MADEMOISELLE CATHERINE 
Vous pouvez m'appeler Catherine. 
 
MAMOUZELLE 
Ravie de recevoir, même incognito, la visite de Madame la Députée Régionale. Cela me remplit quand même de question ? 
 
MADEMOISELLE CATHERINE 
Mademoiselle Catherine… enfin, toujours est-il que notre jolie région est de plus en plus visitée d'année en année, c'est pourquoi le Marché International du Tourisme a chargé le Conseil Régional d'une mission bien délicate, laquelle consiste à aménager notre territoire pour lui donner plus de charme encore.  
 
MAMOUZELLE 
Vraiment ? 
 
MADEMOISELLE CATHERINE 
Nous pensons que l'historique de notre région pourrait être l’un des éléments principaux qui redonnerait un second souffle à notre patrimoine culturel. 
 
MAMOUZELLE 
Tout ceci me semble très intéressant, chère Mademoiselle Catherine, cependant il faut que vous sachiez que nous n'avons pas besoin de touriste chez nous. Ici, vous risquez de perdre votre temps.  
 
MADEMOISELLE CATHERINE 
Les résultats de l'enquête que je dois mener auprès des habitants de ce pays me diront si oui ou non j'ai tort.  
 
MAMOUZELLE 
Dans notre auberge, personne ne pourra vous aider pour cette enquête. 
 
LE COMTE, sort des chambres, toujours masqué 
Ah, Mamouzelle ! Je vous cherchais partout. Je vous félicite pour les spaghettis, elles étaient fameuses de chez ! 
 
MAMOUZELLE 
Voilà au moins quelqu'un qui sait apprécier les bonnes choses !  
 
LE COMTE 
Vous voulez bien me servir ma collation habituelle, Mamouzelle !  
 
MAMOUZELLE 
Bien, Monsieur le Comte. 
 
LE COMTE, s'adresse à Catherine 
Bonjour Madame ! 
 
MADEMOISELLE CATHERINE 
Mademoiselle Catherine… Députée Régionale du Languedoc-Roussillon ! Je suis en mission incognito à Maison-Du-Bois Doré. 
 
LE COMTE 
Vous aussi ! 
 
MADEMOISELLE CATHERINE 
La mission qui m'amène ici est secrète. 
 
LE COMTE 
Tiens donc ! 
 
MADEMOISELLE CATHERINE 
Cela devrait sans nul doute vous intéresser, Christophe Charles Henri René Christian Bernard de la Bouche-en-Biais, Comte de Maison-Du-Bois Doré ! 
 
LE COMTE 
Vous semblez connaître mon pedigree par coeur, Mademoiselle la Députée !? 
 
MADEMOISELLE CATHERINE 
Vous voulez bien m’appeler Catherine. (Puis) Eh bien, figurez-vous que l'on parle beaucoup de vous dans les journaux. Quant à la photo en première page, elle vous ressemble assez bien. 
 
LE COMTE 
Pourtant, je suis masqué. 
 
MADEMOISELLE CATHERINE 
L'intuition, mon ami, L'intuition !  
 
LE COMTE 
Surtout, ne dites à personne que je séjourne en ce lieu incognito. 
 
MADEMOISELLE CATHERINE 
Cela restera un secret entre vous et moi. 
 
LE COMTE 
Pour en revenir à votre mission secrète… en quoi pourrait-elle m'intéresser ? 
 
MADEMOISELLE CATHERINE 
Le Conseil Régional compte réaménager le territoire de Maison-Du-Bois Doré, et prépare un itinéraire sur mesure pour accueillir le tourisme international. L'objectif serait de lui faire découvrir notre patrimoine culturel. 
 
LE COMTE 
Voilà une excellente idée ! D’ailleurs, à l’Auberge de la Licorne, vous allez découvrir tous les éléments nécessaires à la résolution de votre enquête. 
 
MAMOUZELLE, remet une bouteille de Champinelle au Comte 
Je ne le pense pas.  
 
Puis elle va à la cuisine 
 
LE COMTE 
j'y pense, Catherine… ce ne serait pas vous ou bien quelqu'un de votre entourage qui m'aurait téléphoné récemment et qui désirait m'acheter ma Propriété Viticole ? 
 
MADEMOISELLE CATHERINE 
C'est bien moi. 
 
LE COMTE 
Hélas ! Seul le château de la Via Dorée est en vente.  
 
MADEMOISELLE CATHERINE 
Mes collègues et moi pensions que la Propriété l'était également, Monsieur le Comte de la Bouche-En-Bié. 
 
LE COMTE, tape du poing sur le bar 
De la Bouche-En-Biais, en Biais, Biais, Biais, Biais ! Bon sang ! C'est ainsi qu'il faut prononcer mon nom. 
 
MADEMOISELLE CATHERINE 
N’est-ce pas ainsi qu'on le prononce dans tout le voisinage ?  
 
LE COMTE 
Vous ne comptez pas ressortir ces vieilles rumeurs de voisinage, tout de même ?  
 
MADEMOISELLE CATHERINE 
Pourtant, vos origines le prouvent et votre ancêtre en est témoin ! 
 
LE COMTE 
Laissez donc mon ancêtre là où il est, il m'en fait suffisamment voir, ces temps-ci ! 
 
MADEMOISELLE CATHERINE 
Il n'a pas fini de vous en faire voir. 
 
LE COMTE 
Comment ? Que dites-vous là ? 
 
MADEMOISELLE CATHERINE 
L'intuition, Noble Chevalier, L'intuition !  
 
LE COMTE 
Malheureusement, je dois vous quitter, ma chère Catherine, mon allergie me reprend, voyez-vous ? Sans doute à très bientôt ! 
 
MADEMOISELLE CATHERINE 
Certainement, Monsieur le Comte de la Bouche-En-Biais !  
 
LE COMTE 
Un conseil, Mademoiselle… à l'avenir, faites-moi le plaisir de ne plus me parler des contes de fées du voisinage. 
 
Après quoi, il quitte les lieux 
 
MADEMOISELLE CATHERINE 
Fort bien, Monsieur le Comte de la Bouche-en-Biais ! (Puis elle se parle à elle-même) Il va me falloir être docile avec les gens de cette auberge, ils n'ont pas l'air très coopérants. Il le faudra pourtant ! la Pleine Lune approche, et je suis en charge d'une nouvelle quête !  
 
MAMOUZELLE, sort de la cuisine 
Comptez-vous rester une heure de plus, Mademoiselle, ou bien vous en aller sur le champs ? 
 
MADEMOISELLE CATHERINE 
Je vais plutôt prendre une chambre, Mamouzelle, si vous n'en voyez pas d'inconvénients ?... Car c'est ici que je dois achever mon devoir ! 
 
MAMOUZELLE 
Je vous demande pardon ? 
 
MADEMOISELLE CATHERINE 
Je disais que c'est ici que je trouverai les gens que je cherche. 
 
MAMOUZELLE 
Dans ce coin, les gens n'aiment pas trop que l'on vienne les importuner. 
 
MADEMOISELLE CATHERINE 
Il y a bien quelqu'un auprès de qui je pourrai me faire entendre ? 
 
MAMOUZELLE 
Suivez-moi ! Je vous conduis à votre chambre. 
 
FIN DE LA SCENE 8 
 
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ACTE 1 / SCENE 9 
 
LE CHEVALIER / FRERE DAVID 
 
 
 
Quelques siècles en arrière, au relais postal… 
 
FRERE DAVID 
Etes-vous toujours là, Chevalier ? La Pleine Lune n'est point encore apparue ? 
 
LE CHEVALIER 
La nuit commence à peine à tomber. Elle ne devrait point être longue à se montrer. 
 
FRERE DAVID 
N'avez-vous point pris de repos ? 
 
LE CHEVALIER 
Je n'ai point sommeil. Et puis, il ne me faut en aucun cas avoir de retard sur l'heure dite. 
 
FRERE DAVID 
Il en va de même pour moi. J'ai beaucoup à écrire, ce soir… je ne vais pas tarder à partir. 
 
LE CHEVALIER 
Qu'es-tu donc en train d'écrire, Frère David ? J'ai effectivement pu m'apercevoir que tu noircissais énormément de pages, ces derniers temps.  
 
FRERE DAVID 
Je ne puis vous en révéler le contenu, Chevalier, pour la simple raison que la rédaction de ce manuscrit n'est point encore achevé. Et pour ce faire, je dois me trouver ailleurs qu'ici, en un lieu bien éloigné.  
 
LE CHEVALIER 
Comment ? Ne m'accompagnerais-tu point en cet instant délicieux que j'attends. 
 
FRERE DAVID 
Hélas, Noble Chevalier, je ne le puis. Maintenant, je dois vous quitter pour entreprendre un périlleux pèlerinage. 
 
LE CHEVALIER 
Avant que tu ne partes, laisse-moi te montrer ceci. 
 
Le Chevalier De la Bouche-En-Bié ouvre alors l'écrin qui renferme la bague de cristal, que lui a offert Emilio le Baladin. La même clarté envahit la face de Frère David 
 
FRERE DAVID 
Oh ! Quelle jolie bague ! 
 
LE CHEVALIER 
C'est un présent destiné à ma belle Dame ! Emilio le baladin me l'a confié à cet intention en signe d'amitié lors de sa toute récente visite.  
 
FRERE DAVID 
Comment donc ? Emilio fut ici, et personne ne m'en averti. 
 
LE CHEVALIER 
Nous ne désirions troubler ton repos. 
 
FRERE DAVID 
Et où s'en est-il donc allé ? 
 
LE CHEVALIER 
Pour une longue croisade vers l'inconnu. 
 
FRERE DAVID 
J'aurai tellement voulu le rencontrer. 
 
LE CHEVALIER 
Ce sera pour une fois prochaine. 
 
FRERE DAVID, à lui-même 
A condition que l'un d'entre nous ne se perd point en chemin.  
 
LE CHEVALIER 
Dis-moi, Frère David, penses-tu que la bague plaira à ma douce dame ?... Ses yeux en seront-ils ravis? 
 
FRERE DAVID 
Elle est magnifique ! Où donc l'a-t-on créée?  
 
LE CHEVALIER 
Dans une vallée interdite, m'a-t-on dit. 
 
FRERE DAVID 
En tous cas, elle plaira. 
 
LE CHEVALIER 
Je suis ravi par ton avis. 
 
FRERE DAVID 
Il me faut à présent vous quitter, Chevalier. 
 
LE CHEVALIER 
Eh bien va ! Et que les étoiles éclairent ton chemin ! 
 
FRERE DAVID 
Croyez-vous que j'y rencontrerai Fleurette ? 
 
LE CHEVALIER 
Et pourquoi veux-tu l'y rencontrer ? 
 
FRERE DAVID 
J'ai besoin de sa parole pour m'aider à combler une lacune dans mon manuscrit. 
 
LE CHEVALIER 
Ne te souviens-tu point de son avertissement ? Ne t'a-t-elle point interdit de te rendre là où elle s'en allait ? 
 
FRERE DAVID 
Je m'en souviens, en effet. Mais j'ai par trop besoin de son témoignage. 
 
LE CHEVALIER 
Tu perds ton temps, Frère David ! Nos voies sont trop dissemblables. 
 
FRERE DAVID 
Je ne serai point différent lorsqu'il se produira ce qui doit se produire. 
 
LE CHEVALIER 
Et que doit-il se produire en l'occurrence ? 
 
FRERE DAVID 
Il me faut vraiment partir, Chevalier… 
 
LE CHEVALIER 
Attends ! Dis-moi seulement une chose.  
 
FRERE DAVID 
Eh bien soit ! Savez-vous qu'en ce bas monde se réalisent d'étranges et folles choses à chaque nouvelle Lune Pleine ? 
 
LE CHEVALIER 
Je ne comprends pas... 
 
FRERE DAVID 
J'essaie simplement de vous avertir. 
 
LE CHEVALIER 
De m'avertir ?... Mais de quoi ? 
 
FRERE DAVID 
Vous ne pouvez et ne devez rien savoir. 
 
LE CHEVALIER 
Je veux connaître ton savoir. Eclaire-moi ! Ne me laisse point dans l'abîme obscur de l'ignorance. 
 
FRERE DAVID 
Il me faut achever sans tarder ce manuscrit. Bonne Chance, Chevalier De la bouche-En-Bié ! (Il sort) 
 
FIN DE LA SCENE 9 
 
------------------- 
 
Acte 1 / Scène 10 
 
De nos jours... à l'Auberge de la Licorne... 
 
MADEMOISELLE CATHERINE, ROBERTO, 
AUGUSTIN, MAMOUZELLE 
 
 
 
Mademoiselle Catherine sort de la chambre, une mallette en main, s'installe sur un tabouret près du bar et compulse des papiers. Soudain, Roberto surgit, un bâton dans une main et dans l'autre son manuscrit. Il fait le va-et-vient, puis se retrouve à terre. Il travaille toujours la même scène de théâtre... 
 
MADEMOISELLE CATHERINE 
Attention ! Il y a quelqu'un derrière vous ! 
 
ROBERTO 
Silence ! Je mets au point une scène importante. 
 
MADEMOISELLE CATHERINE 
Je vous dis qu'il y a quelqu'un derrière vous !  
 
ROBERTO 
Mais non, mais non, ne me dites rien du tout !... sans quoi, ce n'est plus du jeu. 
 
MADEMOISELLE CATHERINE 
Ce n'est pas à vous que je m'adressais.  
 
ROBERTO 
Eh bien, à qui d'autre ? Je suis seul. 
 
MADEMOISELLE CATHERINE 
Mais à votre réplique ! C'est évident !  
 
ROBERTO 
A ma réplique ? 
 
MADEMOISELLE CATHERINE 
Au moment où vous êtes à terre, quelqu'un porte une attaque dans le dos de votre réplique... c'est bien cela ? 
 
ROBERTO 
Comment ? Que me contez-vous là ? Ce n'est pas écrit dans le manuscrit ! 
 
MADEMOISELLE CATHERINE 
Votre réplique comptait bien vous planter son épée dans le cœur, n’est-ce pas ? 
 
ROBERTO 
Tout à fait. 
 
MADEMOISELLE CATHERINE 
A ce moment précis, un de vos collègues surgit et vous sauve la vie. 
 
ROBERTO 
Ce n'est pas vraiment cela… mais dites-moi… à qui ai-je l'honneur ? 
 
MADEMOISELLE CATHERINE 
Je suis Mademoiselle Catherine : Députée Régionale du Languedoc-Roussillon. Je suis en mission incognito à l'Auberge de la Licorne. 
 
ROBERTO, lui fait le baisemain 
Ravi de faire la connaissance de notre Députée Régionale ! Je me nomme Roberto. 
 
MADEMOISELLE CATHERINE 
Vous êtes comédien de théâtre, n’est-ce pas ? 
 
ROBERTO 
Disons que le théâtre est un Art que j'aime pratiquer de temps à autre. Mais dites-moi, Mademoiselle la Députée... comment dirais-je… ? 
 
MADEMOISELLE CATHERINE 
Appelez-moi Catherine. 
 
ROBERTO 
Vous semblez connaître le sujet de cette pièce ?! 
 
MADEMOISELLE CATHERINE 
J'aime beaucoup le théâtre, voyez-vous… aussi, durant ma longue vie j'ai souvent pu en être spectatrice. 
 
ROBERTO 
Votre longue vie, dites-vous… pourtant, vous ne semblez pas si âgée, Catherine. 
 
MADEMOISELLE CATHERINE 
J'ai eu l'occasion de jouer la comédie, moi aussi. En tous cas, la scène que vous travailliez me rappelle une scène… 
 
ROBERTO 
Impossible ! Elle n'a jamais été jouée. 
 
MADEMOISELLE CATHERINE 
Quoiqu'il en soit, j'en connais le sujet. 
 
ROBERTO 
Il s'agit de l'adaptation théâtrale d'un vieux manuscrit retrouvé dans des fouilles archéologiques auxquelles j'ai participé l'hiver dernier.  
 
MADEMOISELLE CATHERINE 
Le sujet traite bien un complot ? 
 
ROBERTO 
Comment le savez-vous ? 
 
MADEMOISELLE CATHERINE 
L'intuition, Roberto, l'intuition ! Et puis, sachez que dans mon métier, il me faut tout savoir et tout connaître si je veux assumer d'aussi hautes responsabilités sur le plan Culturel. D'ailleurs, ces jours-ci, je suis chargée d'enquêter auprès des gens de ce Conté. Le Ministère du Tourisme et le Conseil Général chargés de développer le patrimoine culturel de Maison-Du-Bois Doré m'en ont donné la direction. 
 
ROBERTO 
Quelle coïncidence ! Au moment où ma troupe s'apprêtait à présenter dans la région la pièce de théâtre pour laquelle vous m'avez vu répéter, écrite des mains d'un pèlerin d'autrefois qui figure parmi les trésors régionaux, ayant pour titre : « Les Ongles de la nuit. » Nous souhaiterions, par là même, faire connaître son auteur.  
 
MADEMOISELLE CATHERINE 
Cela rejoint donc mes objectifs. Nous pourrions peut-être faire équipe ensemble ? Qu'en dites-vous, Roberto ? 
 
ROBERTO 
Et pourquoi pas ? 
 
AUGUSTIN, sort de la cave, le colis express en main 
Ah, Roberto ! J’avais hâte de te retrouver. Voici un colis express en provenance de Mexico. C’est ton ami le Docteur Castaneda qui t’envoie le remède que je vais pouvoir enfin tester ! 
 
ROBERTO 
Plus tard, Augustin. 
 
AUGUSTIN 
Tu m’avais pourtant promis que… 
 
ROBERTO 
Pour le moment, je souhaiterais te présenter Mademoiselle Catherine notre député régional du Languedoc qui vient enquêter incognito, à l’auberge de la Licorne.  
 
AUGUSTIN 
En quoi consiste cette enquête ? 
 
MADEMOISELLE CATHERINE 
Comme je le disais un peu plus tôt à Roberto : le conseil régional et le Ministère du tourisme international cherchent à développer le patrimoine culturel de Maison du Bois doré… 
 
AUGUSTIN 
En ce qui concerne le patrimoine, nous sommes dans un Comté très riche. 
 
 
 
MADEMOISELLE CATHERINE 
C’est ce que laissait entendre Roberto. 
 
ROBERTO 
Nous allons certainement coopérer ensemble Catherine et moi. 
 
AUGUSTIN 
Ah ! ce que j’aimerais pouvoir me joindre à vous, si vous n’y voyez aucun inconvénient, tous les deux. 
 
MADEMOISELLE CATHERINE 
Bien au contraire, votre concours nous sera même indispensable, mon ami. Vous nous imaginez nous occuper du tourisme sans en référer à l’aubergiste ?  
 
MAMOUZELLE, sort de la cuisine 
Oui, c’est cela même ! Et bientôt, nous serons envahis dans notre auberge ! Après quoi nous ne connaîtrons plus jamais le calme et la tranquillité. 
 
AUGUSTIN 
Ne sois pas stupide, Mamouzelle ! Le projet que Catherine nous confie là, s’il se concrétisait, ferait connaître l’Auberge de la Licorne et de ce fait notre Champinelle Maison. 
 
MAMOUZELLE 
Oui, c’est cela même ! Et quoi d’autre encore ? 
 
AUGUSTIN 
Imagine un peu la chance que nous offre Catherine ! Rends toi compte ! Je serai connu dans le monde entier. 
 
MAMOUZELLE 
Si je comprends bien, en plus des poivrots du coin, il faudra aussi se farcir tous ceux de la planète. Eh bien, cela promet ! 
 
AUGUSTIN 
Voyons, ma chérie, en voilà une façon de parler en présence de notre Député Régional ! 
 
 
 
MAMOUZELLE 
Navrée de vous déranger ! 
 
AUGUSTIN 
Mais il s’agit là d’une belle opportunité. 
 
MAMOUZELLE 
Une opportunité pour toi, mon vieux. 
 
AUGUSTIN 
Pour nous deux… enfin… je veux dire pour nous trois. 
 
MAMOUZELLE 
Je vois que mon mari divague. Espèce de poivrot ! 
 
Elle rentre dans la cuisine suivie d’Augustin 
 
ROBERTO 
Excusez-la, Catherine, Mamouzelle est sur le point d’accoucher, et cela influe considérablement sur ses nerfs. 
 
MADEMOISELLE CATHERINE 
Rassurez-vous, Roberto, je m’attendais à ce type de contestation de la part de certains riverains. Nous les savons inhospitaliers à l’égard des étrangers. 
 
ROBERTO 
Je crois bien que vous risquez de rencontrer d’autres problèmes au cours de votre enquête. 
 
MADEMOISELLE CATHERINE 
Ne vous en faites pas pour moi, mon ami, je suis très bien appuyée par le Conseil Régional. Nous savons quoi leur dire à ces gens-là ! 
 
ROBERTO, l’entraîne vers la sortie 
Et si nous finissions cette conversation dans le jardin ? Qu’en dites-vous, Catherine ? 
 
MADEMOISELLE CATHERINE 
Y aurait-il un trésor enfoui ? 
Fin de la scène 10 
 
Fin de l’acte 1 
 
--------------- 
 
Acte 2 / Scène 1 
 
Quelques siècles en arrière... 
 
LE CHEVALIER, FLEURETTE (La sorcière),  
LE SEIGNEUR DE MODESTIE  
 
Soudain, de longues ombres se glissent sur les murs du Relais. Leurs formes fines et acérées rappellent celles de longs ongles crochus. Le visage de Fleurette la sorcière apparaît ensuite... 
 
 
 
LE CHEVALIER 
Bon sang ! Les heures passent et je ne vois toujours personne venir... et point de Lune Pleine dans les cieux. Enfin ! Je m'en vais attendre, assis à cette table. 
 
Le Chevalier sort de sa poche l'écrin, l'ouvre et observe attentivement le bijou qu'il manipule au dessus de son verre le visage baigné d'une douce clarté. Le Seigneur de Modestie surgit brusquement. Surpris par ce dernier, le Chevalier laisse échouer la bague dans son breuvage... 
 
LE SEIGNEUR DE MODESTIE, tenant une épée 
Te voilà donc, Chenapan ! Il me tardait d'enfin te rencontrer. 
 
LE CHEVALIER 
Seigneur De Modestie ? Vous ici ! 
 
LE SEIGNEUR DE MODESTIE 
Tu aurais sans doute préféré voir arriver ma fille. Mais hélas, ce fut le père qui apparut. 
 
LE CHEVALIER 
Que donc me chantez-vous là ? 
 
LE SEIGNEUR DE MODESTIE 
Ne joue point l'innocent. Le Comté tout entier parle de cette rencontre. 
 
LE CHEVALIER 
Cela était pourtant un secret gardé par Fleurette et moi.  
 
LE SEIGNEUR DE MODESTIE 
Le voici dévoilé. 
 
LE CHEVALIER 
Je vous prie de croire que je ne suis en rien responsable de cette histoire. 
 
LE SEIGNEUR DE MODESTIE 
Prends ton bâton, Chevalier de la Bouche-En-Bié, L'offense que tu m'as causée est par trop grande ! De plus, il suffit ! Je ne désire nullement entendre plus longtemps le son de ta voix. 
 
LE CHEVALIER 
Croyez-m'en, Seigneur, c'est un malentendu. 
 
LE SEIGNEUR DE MODESTIE 
Bats-toi !  
 
LE CHEVALIER 
Mais Seigneur... 
 
LE SEIGNEUR DE MODESTIE 
Es-tu un lâche que tu ne veuilles m'affronter ? 
 
LE CHEVALIER 
Allez-vous enfin m'entendre ? 
 
LE SEIGNEUR DE MODESTIE 
Je t'avais déjà prévenu. Plus jamais tu ne devais chercher à revoir mon enfant. Je t'avais également interdit de séjourner sur mes terres, renégat ! 
 
LE CHEVALIER 
Je vous assure que je n'ai point cherché à revoir votre fille. C'est Fleurette, la cause de ce quiproquo. 
 
LE SEIGNEUR DE MODESTIE 
Assez de divagations ! Ton manque de respect envers ma personne est un affront qu'il nous faut laver de ton sang. 
 
LE CHEVALIER 
Mais, Seigneur… votre fille et moi nous aimons. Il s'agit-là d'affaires de coeur et point de crime je ne vois en ces faits.  
 
LE SEIGNEUR DE MODESTIE 
Toi et les tiens n'êtes rien. Il n'est point imaginable que toi ou un membre de ta famille n'entriez dans la mienne. Je vous anéantirai tous !  
 
LE CHEVALIER 
Nous devons taire nos discordances qui n'ont plus lieu d'être face à l'amour que je partage avec votre fille. 
 
LE SEIGNEUR DE MODESTIE 
Jamais ! M'entends-tu ? Jamais une chose pareille ne se produira !  
 
LE CHEVALIER 
Attention ! Je risque de vous blesser.  
 
Le Seigneur De Modestie se retrouve désarmé, puis tombe à terre, l'estoc du Chevalier posée sur son cœur 
 
LE CHEVALIER 
Cessons ce combat, à présent ! 
 
LE SEIGNEUR DE MODESTIE 
Fais ce que tu dois faire ! Tue-moi, puisque tu m'as battu.  
 
LE CHEVALIER 
Je ne vois point la raison de vous tuer,  
Seigneur. J'aime votre fille et veux donc aussi votre amitié. 
 
Fleurette surgit à cet instant précis. Le Chevalier ne la remarque pas. Une fois placée dans son dos, la sorcière se jette sur lui, lui plonge les mains dans le cou et l'égorge avec ses ongles longs et crochus. 
 
FLEURETTE (La sorcière) 
Ah, ah, ah, ah, ah !!! Te voilà pris au piège de mes griffes. Tu connais et c'est pour ton malheur, ce que sont les ongles de la nuit. Ah, ah, ah, ah, ah !!! Cela t'apprendra d'être ignorant ! Les Contes de fées sont, on le sait, uniquement destinés aux petits enfants. » Ah, ah, ah, ah, ah !!! 
 
LE SEIGNEUR DE MODESTIE 
Tu fus bien longue à arriver, vieille Sorcière. 
 
FLEURETTE (La sorcière) 
Je prenais le temps de contempler avidement cette scène car elle est historique ! Ah, ah, ah, ah, ah !!! Plus jamais aucun de la Bouche-En-Bié ne te causera d'ennuis, Seigneur ! Plus jamais ! 
 
LE SEIGNEUR DE MODESTIE 
Je te remercie pour ta précieuse aide, Fleurette ! Tu es toujours là lorsque j'ai besoin de tes services. 
 
FLEURETTE (La sorcière) 
Tu sais que tu pourras toujours compter sur moi. 
 
LE SEIGNEUR DE MODESTIE 
Ne t'inquiète point de cela, le moment de faire à nouveau appel à ta magie est proche, vieille sorcière. 
 
FLEURETTE (La sorcière) 
Il me tarde de connaître ma prochaine mission. 
 
LE SEIGNEUR DE MODESTIE 
J'ai reçu ordre de bouter tous les siens hors de notre Comté.  
 
FLEURETTE (La sorcière) 
La tâche ne sera point aisée, car c'est une famille très nombreuse à laquelle tu t'attaques, mon brave Seigneur. Et comme la vermine, ils sont résistants !  
 
LE SEIGNEUR DE MODESTIE 
Cependant, ils sont surpassés par le nombre d'hommes que j'ai dans mon armée. Celle-ci ne fera qu'une bouchée de ces maudits mécréants !  
 
FLEURETTE (La sorcière) 
Et c'est bien ainsi. Car seule, je n'aurai pu les passer par le fil de mes ongles. 
 
LE SEIGNEUR DE MODESTIE 
Leur chef est mort, et sans lui le reste du clan n'est plus qu'un troupeau d'agneaux sans force et à notre merci. 
 
FLEURETTE (La sorcière) 
Que manigances-tu encore, Grand et Beau Seigneur ? 
 
LE SEIGNEUR DE MODESTIE 
Je t'en dirai plus long une autre fois. Pour le moment, quittons ces lieux, on ne doit point m'y surprendre. Allons, viens ! Et puis cesse donc de fouiller les poches de ce cadavre, vieille sorcière !  
 
Tous deux quittent rapidement les lieux 
 
 
Fin de la Scène 1 
 
----------------- 
 
Acte 2 / Scène 2 
 
De nos jours... à l'Auberge de la Licorne... 
 
MADEMOISELLE CATHRINE, ROBERTO, AUGUSTIN, LE COMTE, MAMOUZELLE 
 
 
 
MADEMOISELLE CATHRINE, entre, suivi de Roberto 
Je vous assure, Roberto !… la suite de cette scène ne peut se présenter autrement.  
 
ROBERTO 
Je ne pense pas que l'auteur du manuscrit ait pu imaginer une fin aussi tragique pour son héros ? Impossible ! 
 
MADEMOISELLE CATHRINE 
Eh bien, l'histoire nous le dira.  
 
ROBERTO 
Je vous demande pardon ? 
 
MADEMOISELLE CATHRINE 
Je dis qu'il n'y a qu'à consulter l'historique régional. En compulsant ses archives, on saura ce qui est advenu de son peuple. 
 
ROBERTO 
Je ne comprends vraiment pas. 
 
MADEMOISELLE CATHRINE 
Je pense, Roberto, qu'à force de prendre en sympathie le héros de cette histoire, vous n'admettiez de voir objectivement la réalité en face, le fait même que lui et son peuple furent exterminés à l'époque pour rébellion. 
 
ROBERTO 
L'auteur des récits essaie tout de même de nous conduire à l'hypothèse qu'il s'agirait d'un complot fomenté par les ennemis du héros.  
 
MADEMOISELLE CATHRINE 
A quelle caste appartenait-il ? 
 
ROBERTO 
Comment cela ? 
 
MADEMOISELLE CATHRINE 
Ne pensez-vous pas qu'il aurait pu être un allié du héros, que son hypothèse est fondée sur des faits imaginaires afin de contredire les vrais ? 
 
ROBERTO 
Comment peut-on mettre en doute la parole d'un historien ?  
 
AUGUSTIN, surgit à ce moment-là 
Mademoiselle Catherine désire souper ?  
 
MADEMOISELLE CATHERINE 
Je regrette, mon ami, j'ai du travail qui m'attend... des notes a prendre pour mon enquête. 
 
AUGUSTIN 
Je peux vous servir le souper dans votre chambre. 
 
MADEMOISELLE CATHRINE 
Très bonne idée, Augustin ! A plus tard, Roberto ! (Elle quitte les lieux)  
 
Augustin met du bois dans la cheminée) 
 
ROBERTO, consulte son manuscrit 
Je suis certain qu'un mystère se cache derrière tout ceci ! Comment pourrait-on imaginer une fin aussi tragique ? Demain matin, à la première heure, j'irai consulter la bibliothèque municipale de Montpellier; il doit probablement y avoir des récits d'époque. 
 
 
 
AUGUSTIN 
A propos, Roberto… je pense tout d'un coup au remède du Docteur Castaneda... serait-il possible de le tester maintenant ? 
 
ROBERTO 
Ce n'est pas le moment, Augustin.  
 
AUGUSTIN 
Tu m'avais pourtant promis...  
 
ROBERTO 
C'est si urgent ? 
 
LE COMTE, sort de la chambre 
Nom d'une pipe ! Voilà que mon allergie devient  
douloureuse ! Elle me dérange très fort au visage ! 
 
ROBERTO 
Les fantômes vous auraient-ils suivi jusqu'ici, Monsieur le Comte ?  
 
LE COMTE 
Cela suffit, Roberto ! Les fantômes, comme chacun le sait, n'existent pas. Mon allergie provient plutôt de la nourriture. 
 
ROBERTO 
En est-ce vraiment la cause ? 
 
LE COMTE 
Naturellement. Oh, et puis, cela passera tout seul. 
 
ROBERTO 
Etes-vous vraiment certain que des fantômes ne se sont pas glissés dans vos bagages ? 
 
LE COMTE 
Vous m'agacez avec ces contes de fées ! 
 
ROBERTO 
Tu veux bien faire bouillir de l'eau et m'apporter le remède, Augustin, merci. Nous allons le tester immédiatement. 
 
AUGUSTIN 
J'y cours ! 
 
ROBERTO 
Vous allez prendre une infusion, Monsieur le Comte.  
 
LE COMTE 
En voilà une drôle idée ! Vous vous foutez de moi ou quoi ? Que l’on me serve plutôt une bonne bouteille de Champinelle !  
 
ROBERTO 
Hélas, mon ami, l'alcool n'est pas compatible avec le remède.  
 
LE COMTE 
De quel droit m'interdit-on de boire du Champinelle ?  
 
AUGUSTIN, surgit avec une casserole 
Le temps de laisser le remède infusé, Messieurs, et nous y sommes. (Il dépose la casserole sur le bar) 
 
ROBERTO 
Empare-toi du Comte, Augustin ! Empêche-le de se débattre ! Je reviens... je vais chercher un entonnoir. (Il rentre rapidement dans la cuisine) 
 
LE COMTE 
Vous ne m'attraperez pas aussi facilement, Augustin. 
 
AUGUSTIN, bondit sur le Comte et le maintient au sol 
Pas de panique, Comte, c'est pour votre bien ! 
 
LE COMTE 
Je ne la boirai pas votre satanée infusion ! Plutôt crever !  
 
MAMOUZELLE, sort de la chambre 
J'étais certaine que tôt ou tard messieurs les poivrots se mettraient à divaguer ! J’en aurai mis ma main à couper. (Elle croise les bras et observe la situation) 
 
ROBERTO, sort de la cuisine à toute allure avec un entonnoir  
Ouvrez la bouche, Christophe-Rodolphe et j'en passe, nous allons passer aux choses sérieuses. 
 
LE COMTE 
Plutôt crever ! A l’aide ! On m’assassine! Ah, ah, ah, ah, ah !!! 
 
Le Comte est maintenu au sol par Augustin, pendant que Roberto lui administre le remède à l’aide de l'entonnoir.  
 
MAMOUZELLE 
Ce n’est pas les gifles qui manquent ici ! Mieux vaux que je me taise ! (Elle rentre dans la chambre ensuite)  
 
ROBERTO 
Eh bien, voilà, c'est fait ! Dans quelques secondes, votre allergie disparaîtra, Monsieur le Comte. 
 
LE COMTE 
Croyez-moi, tout ce cirque n'aura servi à rien ! (Un temps) Tiens ! Les démangeons ont cessé, dirait-on ? (A près quoi il retire son masque et se touche le visage) Les boutons ont disparu !  
 
AUGUSTIN 
Monsieur le Comte est-il satisfait ?  
 
LE COMTE 
Diable ! Que cette herbe est fantastique ! 
 
ROBERTO 
Après quoi, les fantômes ne pourront plus jamais vous atteindre, mon ami. 
 
LE COMTE 
Oubliez-les cinq minutes, je vous prie. 
 
ROBERTO 
Nous savons bien que c’est eux qui vous tourmentent ces temps-ci. Voyons, vous n’allez pas nous cacher la vérité plus longtemps, Monsieur le Comte.  
 
LE COMTE 
Il s'agit tout bonnement de ragots de voisinage. 
 
ROBERTO 
Dans ce cas, pourquoi avoir quitté si précipitamment le château de la Via Doré ? 
 
LE COMTE 
A cause de mon allergie, bien évidemment ! 
 
ROBERTO 
Quoiqu'il en soit, les deux histoires sont liées.  
 
LE COMTE 
Eh bien soit ! Il s'agit bien d'une histoire de fantômes, et pour tout vous dire, ce conte de fées s'est déjà produit au temps de mon grand-père.  
 
AUGUSTIN 
Le voisinage nous a mis au courant. 
 
LE COMTE 
Il en parle beaucoup trop, à mon goût. D'ailleurs, j'aimerais bien savoir quel est l'idiot du village qui propage cela, en particulier ? 
 
AUGUSTIN 
Vous le connaissez très bien, Monsieur le Comte. 
 
LE COMTE 
Je parie qu'il porte une casquette jaune sur la tête et qu'il effectue quotidiennement sa tournée matinale dans le Conté. Evidemment ! C'est son grand-père, le premier, qui a lancé cette légende. 
 
AUGUSTIN 
On dit qu'il exerçait la même profession que lui.  
 
LE COMTE 
On dit aussi qu'il était très bavard lorsqu'il avait bu.  
 
ROBERTO 
Qui sait s’il n’a pas inventé cette histoire de toute pièce lors d’une soirée bien arrosée ?  
 
LE COMTE 
Un canular ? 
 
ROBERTO 
Et pourtant, Dieu sait que tous les éléments de ce conte de fées coïncident : cette allergie peu commune surgissant un demi-siècle après que votre grand-père l'eusse attrapée... 
 
AUGUSTIN 
Une allergie héréditaire, voilà tout ! 
 
LE COMTE 
Nom d'une pipe ! Que suis-je bête ! Une allergie héréditaire, bien sûre ! 
 
ROBERTO 
Dites-moi, Comte, avez-vous entendu des bruits étranges, ces jours-ci ?  
 
LE COMTE 
Pas à mon souvenir. 
 
ROBERTO 
Des ricanements, par exemple ? 
 
AUGUSTIN 
Des ricanements ? Tiens donc ? 
 
LE COMTE 
Point de ricanements, non plus. 
 
ROBERTO 
Nous conclurons donc, Messieurs, qu'il s'agissait bel et bien d'un canular purement imaginé par le grand-père de Monsieur Sylvestre… 
 
AUGUSTIN 
Qui servit d'ailleurs, jusqu'à ce jour, à nourrir la curiosité du voisinage... 
 
 
 
LE COMTE 
Et qui faillit de plus déranger ma vie. 
 
ROBERTO 
Ce conte de fées s'achève enfin, Messieurs ! 
 
LE COMTE 
Vous remercierez le docteur Castaneda de ma part pour son remède si efficace. 
 
AUGUSTIN 
Je peux l’essayer à mon tour, Roberto ?  
 
ROBERTO 
Plus tard Augustin. 
 
LE COMTE 
Je peux boire du Champinelle, à présent ? 
 
ROBERTO 
Autant qu'il vous plaira, Monsieur le Comte. 
 
LE COMTE, frappe dans ses mains 
Parfait ! (Il passe derrière le bar et prend une bouteille) Demain matin, Augustin, je retournerai au château de la Via Dorée. J'ai décidé de ne plus le mettre en vente. Si jamais quelqu'un me réclame, vous me l’envoyez là-bas ! (Puis il prend la direction des chambres, une bouteille à la main) 
 
ROBERTO 
Dis, Augustin, tu seras disponible un peu plus tard ? Je vais avoir besoin de toi. 
 
AUGUSTIN 
Pourquoi faire ? 
 
ROBERTO, l'entraîne vers la sortie 
Je t'en parlerai le moment venu. 
 
 
Fin de la Scène 2 
 
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Acte 2 / Scène 3 
 
LE CHEVALIER DE LA BOUCHE-EN-BIE,  
FRERE DAVID 
 
Quelques siècles en arrière, au Relais Postal ... 
FRERE DAVID, fait son retour et aperçoit le corps du Chevalier gisant sur le sol 
Mon dieu ! Je suis arrivé trop tard, la malédiction s'est accomplie ! Avec sa mort, c'est tout un peuple qui se meurt. Il me faut annoncer la triste nouvelle à tous les siens. 
 
LE CHEVALIER 
Ne pars pas, mon ami ! 
 
FRERE DAVID 
N'êtes-vous point mort, Chevalier ? 
 
LE CHEVALIER 
N'es-tu point parti pour ton pèlerinage ? 
 
FRERE DAVID 
En chemin, je me suis rendu chez Flipète le Devin qui me tira les tarots et me prévint du drame qui se jouait ici. Jje suis donc retourné sur mes pas. 
 
LE CHEVALIER 
As-tu vu ma belle sur ton chemin ? Elle n'est point venue à ma rencontre. A sa place m'attendaient d'autres personnes. 
 
FRERE DAVID 
Qui étaient ces individus ? 
 
LE CHEVALIER, agonisant 
Ah, ah, ah, ah, ah, ah !!!! Je me meurs, Frère David ! Je sens la vie quitter mon corps ! 
 
FRERE DAVID 
Mais qui vous tua ? Dites-le-moi, afin que je puisse punir votre mort ! S'agissait-il d'un complot ? Etait-ce le Seigneur De Modestie ? Ah ! Le voici mort. Il me faut vite coucher par écrit sur le papier ce qui advint du Chevalier. Je tiens la fin de mon histoire. Je suis sûr de la culpabilité du Seigneur De modestie ! Or, le crier aux oreilles de tous serait bien mal joué, ma vie serait en danger. Il me faut pourtant l'écrire pour que les siècles à venir n'oublient point cette tragique fin. 
 
Puis il quitte rapidement les lieux 
 
Fin de la Scène 3 
 
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Acte 2 / Scène 4 
 
De nos jours... à l'Auberge de la Licorne... 
 
ROBERTO /AUGUSTIN / MADEMOISELLE CATHERINE / MAMOUZELLE/ SYLVESTRE  
 
 
 
AUGUSTIN, sort des chambres, un bâton en main, et va se servir un verre de Champinelle au Bar puis il s'assoit sur un tabouret... 
 
ROBERTO, surgit avec un bâton en main 
Te voilà donc, Chenapan! Il me tardait d'enfin te rencontrer. 
 
AUGUSTIN 
Seigneur? Vous ici ? 
 
ROBERTO 
Prends ton bâton, Chevalier! L'offense que tu m'as causée est par trop grande. 
 
AUGUSTIN 
Je vous assure; je ai point cherché à revoir votre fille!  
 
ROBERTO 
Ton manque de respect envers ma personne est un affront qu'il nous faut laver de ton sang. 
 
 
AUGUSTIN 
Nous devons taire nos discordances, elles n'ont plus lieu d'être face à l'Amour que je partage avec votre fille. 
 
ROBERTO 
Jamais! M'entends-tu? Jamais une chose pareille ne se produira!  
 
AUGUSTIN 
Attention! Je risque de vous blesser.  
 
AUGUSTIN désarme Roberto et le fait tomber à terre  
 
Mademoiselle Catherine est sortie des chambres entre temps et observe la scène…. 
 
AUGUSTIN 
Cessons ce combat, à présent! 
 
ROBERTO 
Fais ce que tu dois faire, tue-moi, puisque tu m'as battu! 
 
AUGUSTIN 
Je ne vois point la raison de vous tuer. J'aime votre fille et veux donc aussi votre amitié. 
 
Soudain Catherine se jette sur Augustin et l'étrangle. 
 
AUGUSTIN 
Que se passe-t-il? Que fait-elle? Arrêtez,  
voyons! Vous m'étranglez ! (Mademoiselle Catherine lâche Augustin ensuite) Tu aurais pu me prévenir qu'on allait m'étrangler,  
Roberto ! 
 
MADEMOISELLE CATHERINE 
Comment, mon ami, vous ne connaissiez pas le sujet de cette pièce ? 
 
AUGUSTIN 
Pas ce passage là. Et puis, d'abord il s'agit de théâtre que je sache. Vous auriez pu me prévenir et être plus délicate. 
 
ROBERTO 
Catherine nous aidait à développer cette scène, Augustin. Je trouve cela très intéressant! 
 
AUGUSTIN 
Eh bien, pas moi! 
 
ROBERTO 
En tous les cas, pour un comédien débutant, je trouve que tu joues remarquablement bien ; je te félicite, ainsi que vous, Catherine, pour ce rôle imaginaire! Quoique la prochaine fois, vous essayerez d'être un peu plus docile avec notre ami. 
 
AUGUSTIN 
Il n'y aura pas de prochaine fois! 
 
MAMOUZELLE, surgit 
Tu veux bien cesser de divaguer autant, Augustin ! Tu as du travail à faire, me  
semble-t-il!? Quant à vous,Mademoiselle la Députée Régionale, vous commencez à nous envahir un peu trop depuis quelques temps. Vous voulez bien respecter notre tranquillité ; ici, voyez-vous, on n'est pas à la foire. 
 
AUGUSTIN 
Voyons, chérie, ce n'est pas une façon de s'adresser à Catherine!  
 
ROBERTO 
Laisse tomber, Augustin, ce n'est pas bien grave! 
 
MAMOUZELLE 
Toi, Roberto, arrête d'entraîner mon mari! Ca commence à bien faire! Tu ferais mieux de t'occuper de tes fiançailles au lieu de divaguer autant! (Puis) Et vous, Mademoiselle casse pompon, je vous conseille de ne plus tourner autour de mon mari ! 
 
MADEMOISELLE CATHERINE 
Je vous serai grée d'employer un autre ton avec moi, Madame. 
 
MAMOUZELLE 
Mademoiselle la mijaurée n'est pas contente? 
 
MADEMOISELLE CATHERINE 
Allez donc faire bouillir vos spaghettis! 
 
MAMOUZELLE 
Je vais vous les mettre où je pense mes spaghettis! 
 
AUGUSTIN 
Calme-toi, Mamouzelle! 
 
MAMOUZELLE 
J'étais certaine que cette chipie viendrait nous faire des histoires... Je l'ai pressenti à la minute même où elle a franchi le pas de cette porte. 
 
MADEMOISELLE CATHERINE 
Quel toupet! 
 
ROBERTO 
Voyons, Catherine, gardez votre calme! 
 
MAMOUZELLE 
Voilà que l'autre poivrot se met à ses genoux! 
 
AUGUSTIN 
Cela suffit, rentre dans ta cuisine! 
 
SYLVESTRE 
Holà! Holà! Ce n'est pas un peu fini ce chahut, on vous entend jusqu'à l'autre bout du village ... Que se passe-t-il là-dedans? C'est la venue de la Pleine Lune qui vous tape sur les nerfs ou quoi? 
 
AUGUSTIN 
Il s'agit-là d'une querelle de bonne femme, facteur. Ma femme refait sa crise. 
 
MAMOUZELLE 
C'est plutôt mon poivrot de mari qui flirte avec Mademoiselle la chipie Régionale. 
 
AUGUSTIN 
Rentre dans ta cuisine immédiatement!  
 
Il l'entraîne vers la cuisine 
 
ROBERTO 
Allons prendre l'air dans le jardin, Catherine!  
 
Roberto et Catherine sortent 
 
AUGUSTIN 
Monsieur Sylvestre désire prendre un verre de Champinelle? 
 
SYLVESTRE 
J'accepte, à condition que vous trinquiez avec moi! 
 
MAMOUZELLE 
Et ça continue de se poivrer sous mon nez! 
 
AUGUSTIN 
Rentre dans ta cuisine! 
 
SYLVESTRE, lui remet des lettres 
Tenez, Augustin, voici du courrier pour Monsieur le Comte. Comme vous pouvez le constater, il est très demandé en ce moment. Il doit sûrement s'agir d'acheteurs pour le château de la Via Doré...ça va faire plaisir à sa Majesté! 
 
AUGUSTIN 
Sa majesté n'a plus l'intention de le vendre.  
 
SYLVESTRE 
Aurait-il changé d'avis? 
AUGUSTIN 
Il est guéri de son allergie... voilà tout!  
 
SYLVESTRE 
Je ne le crois pas. 
 
AUGUSTIN 
Vous voulez bien nous lâcher cinq minutes avec vos contes de fées.  
 
SYLVESTRE 
C'est que ce soir, la Lune sera pleine! 
 
AUGUSTIN 
Qu'êtes-vous aller chercher là, encore? 
 
SYLVESTRE 
Son allergie ressurgira, croyez-moi! 
 
AUGUSTIN 
Je crois plutôt que le remède du Docteur Castaneda a fait son effet! De plus, Roberto et moi avons eu une grande conversation avec Monsieur le Comte tout à l'heure, et donc, nous sommes arrivés à la déduction suivante primo, que votre grand-père aurait, dans un état second, imaginé ce canular et secondo, que l'allergie du Comte était en fait héréditaire.  
 
SYLVESTRE 
Mettriez-vous la parole de grand-père en doute? 
 
MAMOUZELLE 
Sachez, Sylvestre, que votre grand-père était un poivrot! 
 
AUGUSTIN 
Occupe-toi de tes spaghettis, Mamouzelle! 
 
SYLVESTRE 
Comment cela, mon grand-père était un poivrot? 
 
AUGUSTIN 
Disons qu'il aurait inventé ce conte de fées après une soirée bien arrosée. 
 
MAMOUZELLE 
C'est bien ce que je disais, c'était un poivrot! 
 
AUGUSTIN 
Retourne à la cuisine immédiatement! 
 
MAMOUZELLE 
Tu as peur que notre facteur soit choqué? 
 
AUGUSTIN 
Ferme-la, s'il te plait! 
 
MAMOUZELLE 
Très bien, je vais la fermer une fois pour toute!  
 
Elle va dans la chambre 
 
Fin de la Scène 4 
 
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Acte 2 / Scène 5 
 
SYLVESTRE / LE COMTE / AUGUSTIN / MAMOUZELLE / ROBERTO 
 
 
 
SYLVESTRE 
Ce que votre femme raconte là est tout de même étonnant, Augustin !? 
 
LE COMTE 
Il n'y a rien d'étonnant à cela, Sylvestre! (Puis) Si vous voulez bien me donner une bouteille de Champinelle, Augustin. 
 
AUGUSTIN 
Monsieur le Comte n'est toujours pas retourné à son château?  
 
LE COMTE 
J'y retournerai demain ; je suis encore sous le choc... comprenez-vous? D'ailleurs, Sylvestre, je profite que vous êtes ici, pour vous demander de cesser une fois pour toute avec vos ragots. 
 
SYLVESTRE 
De quoi m'accusez-vous, Monsieur le Comte? 
 
LE COMTE 
Je ne vous accuse de rien, mon ami, je vous demande simplement de cesser de colporter dans tout le voisinage cette histoire stupide au sujet de fantômes... cela fait trop longtemps que votre grand-père et vous-même vous laisser aller à ces affabulations qui m'exaspèrent au plus haut point.  
 
SYLVESTRE 
Mais, Monsieur le Comte... 
 
LE COMTE 
Suffit ou je t'étrangle, gibier de potence! 
 
AUGUSTIN 
Il est vrai, Sylvestre, que le fait même d'en rajouter toujours un peu plus au fil des années n'aide en rien, Monsieur le Comte, quant à rétablir sa réputation. 
 
LE COMTE 
Voilà cinquante ans que cela dure, et il est temps de taire cette rumeur idiote et sans fondement! N'est-ce pas? 
 
SYLVESTRE 
Cette histoire est pourtant vrai! 
 
LE COMTE 
Eh bien, même si c'est le cas, il s'agit-là de mes affaires! Je vous prierai dès lors de ne plus vous y mêler. Entendu? 
 
SYLVESTRE 
Mais puisque je vous dis que... 
 
LE COMTE 
Je vous demande de vous taire! 
 
SYLVESTRE 
A vos ordres, Majesté! 
 
AUGUSTIN 
Tenez, Comte, voici du courrier pour vous. 
 
LE COMTE 
En voilà du monde qui s'intéresse à mon château! (Il ouvre plusieurs lettres et les consulte) Bon sang! Je parlais de vendre mon château, et non ma propriété. 
 
 
 
AUGUSTIN 
Un problème, Comte? 
 
LE COMTE 
C'est incroyable, Augustin! Tout le monde souhaite m'acheter la propriété, alors que cela n’était pas stipulé dans l'annonce. 
 
SYLVESTRE, lui remet une lettre 
Tenez, Majesté! Voici une enveloppe spéciale que je devais vous remettre en main propre. Il s'agit du Centre National d'Archéologie. 
 
LE COMTE 
Le Centre National d'Archéologie? Qu'est-ce que cela veut dire? Donnez-moi cette lettre, imbécile! 
 
SYLVESTRE 
Je crois bien qu'il intéresse au trésor du Chevalier à la Licorne!? 
 
LE COMTE 
Un trésor enfoui dans mes terres? Personne n'était au courant dans notre famille! 
 
SYLVESTRE 
C'est la suite logique du Conte de fées! 
 
 
MAMOUZELLE, sort de la chambre, une valise en main 
Décidément, ces grands enfants persistent à croire à toutes ces histoires débiles! Mais enfin! je dois la fermer, parait-il!? Messieurs! je vous souhaite le bonjour! je reviendrai à la fin des temps lorsque s'achèvera cette histoire. 
 
AUGUSTIN 
Où comptes-tu aller ainsi, Mamouzelle? 
 
MAMOUZELLE  
Je pars en vacances! Je ne supporte plus tes divagations.  
 
AUGUSTIN 
Tu as l'intention de me laisser seul à l'Auberge? 
 
MAMOUZELLE  
Tu n'es plus seul, à présent, d'autres poivrots ont rejoint ton cercle. 
 
AUGUSTIN 
Tu es enceinte, l'oublies-tu!? 
 
MAMOUZELLE  
Tiens? C'est maintenant que tu le remarques! Jusque-là, c'était tout pour ton Champinelle et tes fantômes, sans oublier ta chère Catherine adorée. 
 
AUGUSTIN 
Ne fais pas l'idiote, reste ici!  
 
MAMOUZELLE  
Ne me touche pas! 
 
AUGUSTIN 
Mais, où vas-tu aller? 
 
MAMOUZELLE  
je m'en vais raconter notre joli conte de fées dans tout le voisinage! Comme ça, Monsieur Sylvestre n'aura pas à se fatiguer! Notre entourage sera sûrement ébloui de connaître la Légendes des poivrots!  
 
Mamouzelle quitte les lieux ensuite ; le Comte lit son courrier pendant ce temps-là 
 
AUGUSTIN 
Je ne vais quand même pas supporter ses crises jusqu'à l'accouchement!? 
 
SYLVESTRE 
Elle finira bien par se calmer! Ne vous en faites pas, cher maître... ces trucs-là, ça s'arrangera à la longue! 
 
AUGUSTIN 
Vous, Sylvestre, ne m'adresser plus jamais la parole! C'est un peu de votre faute, tout ça! Avec vos histoires à dormir debout, depuis quelques temps nous avons le sommeil léger dans notre auberge. 
 
ROBERTO, qui vient de faire son retour 
Voyons, Augustin, ne t'en prends pas ainsi à notre bon facteur, il n'y est pour rien. 
 
AUGUSTIN 
Toi, tu ferais bien de te taire! A cause de tes divagations, mon auberge est devenue invivable, et ma femme a fini par me confondre avec toi. Et puis, d'abord, j'attends toujours ton remède.  
 
LE COMTE 
Ce n'est pas la peine de vous en prendre à tout le monde, Augustin... 
 
AUGUSTIN 
Alors vous, Monsieur le Comte de la Bouche-En-Biéééé, il serait temps de regagnez votre château... je crois bien que je vais finir par chopper moi aussi votre allergie!! (Le voilà soudain pris de tremblements. Augustin se tord dans tous les sens) Bon sang! ma crise d'épilepsie me reprend!  
 
ROBERTO 
Vite! Dépêchons-nous de lui préparer une infusion! Retenez-le, Messieurs, et empêchez-le d'avaler sa langue! (Il va à la cuisine)  
 
SYLVESTRE 
Laissez-vous faire, Augustin! 
 
LE COMTE 
Cessez donc de gesticuler autant, mon ami, nous allons vous soigner.  
 
ROBERTO, surgit avec un entonnoir et une casserole 
L'infusion est prête ; il n'y a plus qu'a lui faire avaler. Dans quelques instants, tu seras un homme nouveau, Augustin! Voilà, c'est fait! On peut le lâcher maintenant.  
 
AUGUSTIN, se relève 
Mon dieu! j'ai la tête qui tournicote.  
 
LE COMTE 
Dites donc, mon cher, votre allergie était plus tenace que la mienne! 
 
ROBERTO, s'adresse à Augustin 
Je te conseille de te faire une infusion tous les soirs, ainsi ta crise se dissipera sous peu. Bon, maintenant, je vais t'aider à regagner ta chambre, il faut te reposer.  
 
Roberto accompagne Augustin à sa chambre 
 
LE COMTE 
Tous ces évènements m'ont donné soif! Je vous sers un verre, Sylvestre? 
 
SYLVESTRE 
Hélas, je dois partir. Mes amitiés au Chevalier de la Bouche-en-Bié de ma part! 
 
LE COMTE 
Je vous demande pardon? 
 
SYLVESTRE 
J'ai ouï dire que votre ancêtre était de retour, Majesté. 
 
LE COMTE 
Fichez-moi le camp d'ici, immédiatement, facteur! 
 
Sylvestre sort rapidement 
 
Fin de la scène 5 
 
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Acte 2 / Scène 6 
 
ROBERTO / LE COMTE / MADEMOISELLE CATHERINE 
 
ROBERTO, sort de la chambre, se dirige ensuite vers le bar et se sert un verre 
Toutes ces émotions m'ont donné soif à moi aussi! Dites-moi, Comte, ne deviez-vous pas retourner au château de la Via Dorée, aujourd'hui?  
 
LE COMTE 
Demain matin... demain matin... le choc, comprenez-vous?  
 
ROBERTO 
Vous ne comptez pas le vendre? 
 
LE COMTE 
Bien sur que non! Puisque nous savons maintenant qu'il n'est pas la cause de mon allergie... Et puis, d'abord, il représente le patrimoine de ce Comté, n'est-ce pas. Imaginez l'erreur monumentale que ai failli commettre en le quittant? (Puis) Je trouve tout de même étonnant que tout le monde s'intéresse à ma propriété viticole!? 
 
ROBERTO 
Je vous demande pardon? 
 
LE COMTE 
Figurez-vous, mon cher Roberto, que j'avais fait paraître une annonce dans le journal, je mettais en vente le château, et par là même, j'invitais les personnes intéressées à prendre contact avec moi par courrier. Mais lorsque j'eus des réponses, seule la propriété était le centre d'intérêt des éventuels acheteurs. 
 
ROBERTO 
Etonnant, en effet! 
 
LE COMTE 
J'ai reçu également une lettre du centre d'archéologie qui m'apprit que des fouilles devrait avoir lieu dans ma propriété prochainement, qu'il y aurait un trésor enfoui dans mes terres. Ce qui est plus étonnant encore est le fait que personne dans notre famille n'était au courant.  
 
ROBERTO 
Qui sais si les anciens propriétaires ne l'étaient pas?  
 
 
LE COMTE 
Il n'y a jamais eu d'autres châtelains en dehors des membres de ma famille. De générations en générations, le château et les terres restent notre propriété; aussi, s'il y avait un trésor enfoui dans mes terres, je serais le premier à en être avisé... n'est-ce pas? 
 
ROBERTO 
Point d'inquiétude, mon cher, puisque vous ne comptez pas vendre votre château. 
 
LE COMTE 
Cela m'intrigue tout de même de savoir qu'il y aurait un trésor enfoui!? 
 
ROBERTO 
Ne s'agirait-il pas là encore d'un nouveau conte de fées? 
 
LE COMTE 
Peut-être bien, Roberto… Mais cela devient tout de même étrange! Toutes ces histoires, ces temps-ci, au sujet de fantômes ... cette coïncidence avec l'allergie, cinquante ans, jour pour jour après celle de mon grand-père... tous ces gens qui veulent m'acheter ma propriété Viticole, et maintenant, le Centre National d'Archéologie qui s'intéresse à un trésor enfoui dans mes terres... cela fait beaucoup d'évènements en si peu de temps, ne trouvez-vous pas? 
 
ROBERTO 
Il en faut des ingrédients pour faire un joli conte! Allons, réveillez-vous, tout cela est bel et bien fini! 
 
LE COMTE 
Vous avez raison, changeons de sujet! A propos, où en êtes-vous avec vos fiançailles ? 
 
ROBERTO 
Hélas, je n'ai pu me rendre à Florence ces jours-ci, j'ai été frappé par la grippe. 
 
LE COMTE 
Vous en profitez donc pour vous consacrer à votre projet théâtral.  
 
ROBERTO 
Je vais devoir, par ailleurs, faire une étude plus approfondie sur le sujet car l'Auteur du manuscrit original, un certain Frère David, je ne sais pour quelle raison, n'a pu achever la fin de son oeuvre. Et le plus étrange, c'est qu'il s'est arrêté au beau milieu d'une scène importante.  
 
LE COMTE 
S'agit-il de la pièce que vous souhaiteriez donner en représentation dans l'une des grandes salles du château de la Via Dorée? 
 
ROBERTO 
Tout à fait! 
 
LE COMTE 
Je suis partant pour ce magnifique projet! Seulement voilà, si vous comptez la jouer à la date prévue, il vous faudra trouver une fin à temps!  
 
ROBERTO 
Mais pour ce faire, il me faut résoudre un mystère non élucidé sur le plan historique... je pense qu'il pourrait s'agir d'un complot fomenté à l'encontre du héros!? Je ne puis rien affirmer encore. 
 
LE COMTE 
Quoiqu'il en soit, si vous réussissiez un coup pareil, vous attireriez beaucoup de monde et par là même les journalistes. 
 
ROBERTO 
Mais pour l'heure, je vais continuer mes investigations à la bibliothèque municipale de Montpellier. 
 
LE COMTE, qui finit son verre 
Je vous accompagne, j'ai besoin de prendre un peu d'air.  
 
Ils quittent les lieux 
 
 
Fin de la scène 6 
 
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Acte 2 / Scène 7 
 
AUGUSTIN / MADEMOISELLE CATHERINE / LE COMTE 
 
AUGUSTIN, sort de la chambre 
Bon sang! Ce qu'il fait froid ici! (Il met une bûche dans le feu puis le rallume) Maintenant, c'est l'heure de l'infusion!  
 
MADEMOISELLE CATHERINE, sort de la cuisine, une tasse de thé en main 
C'est l'heure de prendre votre infusion, mon cher Augustin! 
 
AUGUSTIN 
Comment l'avez-vous su? 
 
MADEMOISELLE CATHERINE 
C'est mon petit doigt qui me l'a dit! Maintenant, dépêchez-vous de boire, tant que c'est chaud! 
 
AUGUSTIN, lui prend la tasse 
Merveilleux! 
 
MADEMOISELLE CATHERINE, lui frotte le dos ensuite 
Tout ira bien, ne vous en faites pas! 
 
AUGUSTIN 
Que faites-vous? 
 
MADEMOISELLE CATHERINE 
J'essaie de vous consoler, tout simplement.  
 
AUGUSTIN 
Si ma femme vous voyait faire... 
 
MADEMOISELLE CATHERINE 
Elle vous a quitté, mon ami, l'auriez-vous oublié? Nous voilà seuls maintenant. 
 
AUGUSTIN 
Cela me gène un peu, tout de même. 
 
MADEMOISELLE CATHERINE 
Laissez-vous faire, voyons! Vous avez besoin de tendresse ces temps-ci, ainsi que de caresses! Mais hélas, votre femme n'est pas là pour vous les prodiguer. 
 
AUGUSTIN 
C'est un peu vrai ce que vous dites-là, Catherine! 
 
MADEMOISELLE CATHERINE 
Vous seriez bien bête de ne pas en profiter! 
 
AUGUSTIN 
Après tout, ma femme n'avait qu'à rester ici! 
 
MADEMOISELLE CATHERINE 
Comme vous savez bien raisonner, mon chéri! C'est d'ailleurs pour cette raison que je vous ai choisi pour mon projet! Je vous trouve sensationnel! 
 
AUGUSTIN 
Mais tout le plaisir est pour moi, my darling! 
 
MADEMOISELLE CATHERINE 
A propos... une charmante personne du prénom de Lucie a téléphoné à l'heure de la sieste et se disait être la fiancée de Monsieur le Comte; elle lui fait savoir qu'elle viendra le rejoindre à l'Auberge de la Licorne lorsque paraîtra la Pleine lune dans les cieux ; elle insiste pour que ce dernier soit au rendez-vous! 
 
AUGUSTIN 
Très bien, je lui ferai la commission. 
 
MADEMOISELLE CATHERINE 
Quant à vous, Augustin, j'aimerais bien que vous me rejoignez dans ma chambre après le dîner! 
 
AUGUSTIN 
Vous pouvez compter sur moi! 
 
MADEMOISELLE CATHERINE 
A tout à l'heure, mon chéri! (Elle rentre dans la chambre) 
 
AUGUSTIN 
Et si je me préparait une autre infusion en attendant? (Il va à la cuisine) 
 
LE COMTE, fait son retour 
Debout là-dedans! Ce n'est plus l'heure de la sieste! J'ai soif! 
 
AUGUSTIN, sort de la cuisine 
Vous tombez très bien, Monsieur le Comte! Une personne a laissé un message pour vous cet après-midi : elle vous donne rendez-vous ce soir avec la pleine Lune! 
 
LE COMTE 
Je vous ai dit que je ai plus l'intention de vendre mon château!  
 
AUGUSTIN 
Cette demoiselle ne souhaite pas du tout acheter le château.  
 
LE COMTE 
Ma propriété n'est pas à vendre, non plus. 
 
AUGUSTIN 
Mademoiselle Lucie souhaiterait tout simplement que vous soyez présent pour sa venue lorsque paraîtra la Lune pleine. 
 
LE COMTE 
Mademoiselle Lucie, dites-vous? Vous ne pouviez pas me dire plus tôt qu'il s'agissait d'elle? 
 
AUGUSTIN 
Monsieur le Comte s'est trouvé une fiancée? 
 
LE COMTE 
Il s'agit d'une charmante demoiselle que j'ai rencontrée récemment, lors d'une réception donné par son père le Baron de Modestie, et pour laquelle j'en fus épris lorsque je la vit pour la première fois. (Puis) Mais il y a tout de même un problème qui vient ternir ce charmant tableau! Oh et puis, ce serait trop long à vous expliquer! 
 
AUGUSTIN 
Nous n'avons point de secret l'un pour l'autre, Monsieur le Comte.  
 
LE COMTE 
Tout ce que je puis vous dire, est que leur famille et la mienne sont rivales depuis toujours! Vous dites qu'elle viendra ce soir? 
 
AUGUSTIN 
Sois au rendez-vous, te dis-je, elle y sera, Noble Chevalier!  
 
LE COMTE 
J'y serai! 
 
 
 
AUGUSTIN 
A plus tard, Noble Chevalier! 
 
LE COMTE 
A plus tard, Augustin! (A lui-même) Qui donc a bien pu prévenir Lucie que je me trouvais à l'Auberge de la Licorne? Je me demande s'il ne s'agirait pas de Monsieur Sylvestre!? Le bougre! Il ne pourra décidément jamais tenir sa langue. Mais enfin, pour une fois il aura fait là quelque chose de bien! Sans doute aura-t-il deviné que je mourrais d'envi de la revoir!? Ce qu'il me tarde de la serrer dans le creux de mes bras! En attendant, allons chercher des bûches au fond du jardin!! (Il sort)  
Fin de la scène 7 
 
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Acte 2 / scène 8 
 
Quelques siècles en arrière... au Relais Postal... 
 
MICHAËL / LE CHEVALIER (gisant sur le sol) 
 
MICHAËL  
Mon Dieu! un corps gisant au sol. Il ne me faut point rester en ces lieux, l'on risquerait fort de me faire porter la culpabilité de ce crime. Voyons tout de même s'il est bien mort!  
 
Le troubadour examine le corps du Chevalier et constate que celui-ci est bien mort. 
 
MICHAËL  
Partons, à présent! Ma route est encore bien longue. Mais je vais avant mon départ me désaltérer quelque peu! Ah, voici un verre! Il ne me reste plus qu'à trouver de l'eau. 
 
Le troubadour verse l'eau dans le verre et soudain, une lueur provenant du fond du verre lui éclaire le visage. 
 
MICHAËL  
Oh! Une bague vient d'apparaître dans le fond de ce verre. Mais, pourtant elle ne s'y trouvait point l'instant plus tôt? 
La Voix off :-Apparaître et disparaître, tel est le pouvoir de cette bague! Elle te conduira au pays de Montpellier, là où tu dirigeais tes pas... elle t'y guidera sans détours afin que tu puisses accomplir ta quête! Ainsi, tu entreras dans la Légende des « Compagnons Balladins »!  
 
MICHAËL  
Mais qui sont les "Compagnons Balladins",  
et qui es-tu pour connaître l'issue de mon voyage? 
 
LA VOIX OFF 
Va, et ne te poses point de questions! Les réponses t'apparaîtront en chemin. 
 
MICHAËL  
Que se passera-t-il? Comment les découvrirai-je? La Voix off s'est tue. Le troubadour comprend qu'il lui faut prendre la route et aller vers sa destinée ... Il place la bague dans son écrin, met le tout dans sa bourse, puis quitte les lieux rapidement 
 
Fin de la Scène 8 
 
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Acte 2 / scène 9 
 
De nos jours... à l'Auberge de la Licorne... 
 
SYLVESTRE / LE COMTE 
 
 
 
SYLVESTRE, entre en chantant 
“I'm singing in the rain... just singing in the rain ... what a glorious high sphere ... I’m happy again » Bonsoir la compagnie! Mais où sont-ils passés? Augustin! Mamouzelle! Roberto! Monsieur le Comte! Ma fois! En attendant leur arrivée, je vais me servir un verre de Champinelle.  
 
Sykvestre se sert un verre, puis s'assoit sur un tabouret 
 
LE COMTE, les bras chargés de bûches 
Que faites-vous là, Sylvestre? Vous n'êtes pas au travail? 
 
SYLVESTRE  
C'est à dire que ma tournée matinale a été plus longue que d'habitude aujourd'hui. 
 
LE COMTE 
Comme je puis voir, Monsieur le facteur a passé plus de temps à faire la causette avec le voisinage! 
 
SYLVESTRE  
Qu'entendez-vous par « passé plus de temps à faire la causette avec le voisinage »? 
 
LE COMTE  
Vous savez bien, Sylvestre. 
 
SYLVESTRE 
Qu'insinuez-vous par là? 
 
LE COMTE  
Je voudrais d'ailleurs vous remercier pour le rôle que vous avez innocemment joué dans la surprise qui m'attend ce soir! 
 
SYLVESTRE  
Que me chantez-vous là? 
 
LE COMTE  
Pour une fois, mon ami, vous n'avez pas parlé pour rien. 
 
SYLVESTRE Mais il faut bien que je communique, c'est un peu cela aussi, mon métier! 
 
LE COMTE  
Ce n'est pas là un mauvais jugement. Bien au contraire! Bien au contraire! 
 
SYLVESTRE  
Vous voulez bien vous expliquer une fois pour toute. 
 
LE COMTE  
Une jolie personne m'a appelé, cet après-midi, elle me donne rendez-vous à la pleine Lune! Merci pour tout, Sylvestre!  
 
SYLVESTRE 
De qui s'agit-il? 
 
LE COMTE  
Comment, on n'en parle pas encore au village? 
 
SYLVESTRE  
Je vous assure que non, Monsieur le Comte! 
 
LE COMTE  
Ignorez-vous que je noue une relation amoureuse avec Mademoiselle Lucie de Modestie? 
 
SYLVESTRE 
Je l'ignore. 
 
LE COMTE  
Vous l'ignorez..? 
 
SYLVESTRE 
Je l'ignore. 
 
LE COMTE  
Merci quand même! 
 
SYLVESTRE 
Je vous jure que je ne lui ai rien dit du tout! 
 
LE COMTE 
Mais oui, mais oui, c'est cela, vous ne lui avez rien dit du tout! C'est entre vous et moi, facteur! 
 
SYLVESTRE 
C'est comme vous voudrez, Majesté! 
 
LE COMTE 
Mais oui, mais oui, c'est entre vous et moi! 
 
SYLVESTRE 
A propos, Majesté, Roberto n'est pas là? J'aurais plusieurs renseignements à lui communiquer concernant sa pièce de théâtre inachevé.  
 
LE COMTE 
Il est allé à la bibliothèque cet après-midi. A son retour, je pourrai lui transmettre un message de votre part.  
 
SYLVESTRE 
Je le lui transmettrai moi-même. A plus tard, noble Chevalier!  
 
LE COMTE 
Chevalier, dites-vous? 
 
SYLVESTRE 
La Lune ne devrait point être longue à se montrer! Que les étoiles éclairent votre chemin et que les rêves vous soient doux! (Il quitte aussitôt les lieux) 
 
LE COMTE 
Certes, doux, ils le seront! 
 
Fin de la scène 9 
 
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Acte 1 / Scène 10 
 
LE COMTE / AUGUSTIN / ROBERTO / MADEMOISELLE CATHERINE. 
 
AUGUSTIN, surgit à ce moment-là, un bâton en main 
Ah! Te voilà chenapan!  
 
LE COMTE 
Augustin, que vous arrive-t-il? Que faites-vous avec ce bâton? 
 
AUGUSTIN 
Je vais te montrer de quel bois je me chauffe, chenapan! 
 
LE COMTE 
Ah! j'y suis... vous travaillez la réplique de Roberto. 
 
AUGUSTIN 
Je vais t'appendre à me manquer de respect! 
 
LE COMTE 
Posez ce bâton, mon ami! Vous n'êtes plus un enfant pour jouer ainsi au mousquetaire. 
 
AUGUSTIN 
Bats-toi, Chevalier! 
 
LE COMTE, se saisit d'une bûche 
Vous l'aurez voulu, mon cher! Va, pour un petit duel! 
 
Un combat s'engage alors entre eux. Au bout de quelques instants, Augustin se retrouve à terre. 
 
LE COMTE 
Désolé; Augustin, mais vous m'y avez obligé! 
 
MADEMOISELLE CATHERINE, sous les traits de Fleurette la sorcière, s'est placée dans le dos du Comte entre temps afin de l'égorger 
Voilà bien des siècles que je rêvais de cet instants! (Elle se jette sur lui et l'étrangle) Ton heure est venue, Chevalier! 
 
ROBERTO, surgît à ce moment-là, un bâton en main 
Lâchez Monsieur le Comte, immédiatement! 
 
MADEMOISELLE CATHERINE 
Je vois que la suite de cette histoire intéresse, Baladin! 
 
 
ROBERTO 
J'avais quelques doutes à votre sujet, mademoiselle la soi-disant Députée, alors je me suis renseigné, et c'est ainsi que j'ai appris votre imposture, Fleurette la sorcière! La vrai Catherine est décédée depuis une semaine. 
 
MADEMOISELLE CATHERINE, prend alors l'apparence de Fleurette la sorcière 
Tu m'as démasqué, Roberto! 
 
ROBERTO 
Vous connaissiez trop bien le sujet du manuscrit de Frère David, ce qui m'amena à avoir des soupçons sur vous. 
 
MADEMOISELLE CATHERINE 
Celui-là, je ai écrasé entre mes ongles!  
 
ROBERTO 
Vous saviez aussi que son héros était l'ancêtre de Monsieur le Comte! 
 
MADEMOISELLE CATHERINE 
Je lui ai fait subir le même sort qu'à ce damné scribouillard de Frère David! Le Chevalier et ses descendants ont toujours été les ennemis de ce Comté; durant leur existence, ils ont dépossédé mon peuple de tous ses biens. Ils méritent un châtiment pour ces crimes!  
 
Déchaînée de colère, elle se jette sur le Comte, mais Roberto l'en empêche ; c'est alors qu'un combat de bâton s'engage entre eux. Fleurette finit par assommer Roberto, puis se dirige vers le comte et l'égorge. 
 
LE CHEVALIER DE LA BOUCHE-EN-BIE, sort de la cheminée 
Moi aussi, j'attendais ce jour depuis des éternités, vieille sorcière! (Le Chevalier lui frappe sur la tête avec une bûche, l'assomme, puis il la prend dans ses bras et l'entraîne dans la cheminée) 
 
Fin de la Scène 10 
 
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Epilogue 
 
Quelques instants plus tard... 
 
ROBERTO / SYLVESTRE / AUGUSTIN / LE COMTE / MADEMOISELLE LUCIE DE MODESTIE / MAMOUZELLE/ 
 
Roberto, Augustin, et le Comte sont allongés. 
 
SYLVESTRE, entre  
"I'm singing in the rain... just singing in the rain ... what a glory high sphere, I’m happy again"! Debout la compagnie! 
AUGUSTIN 
Bon sang! Que s'est-il passé, j'ai l'impression d'émerger d'un très long sommeil!? 
 
LE COMTE 
Quant à moi, j'eus l'impression que l'on m’étranglait!? 
 
SYLVESTRE 
Le conte de fées se serait-il transformé en cauchemar? 
 
ROBERTO 
Vous en avez mis du temps pour entrer à l'Auberge, Sylvestre! 
 
SYLVESTRE 
Voyez-vous, Roberto, ces temps-ci, je ne me mêle plus que de ce qui me regarde! 
 
AUGUSTIN 
Que nous vaut votre visite, Facteur? 
 
SYLVESTRE 
En ce soir de pleine lune, je suis en balade, Messieurs, avec Roberto pour compagnon! 
 
ROBERTO 
Messieurs, Sylvestre m'a rapporté la pièce manquante à mon manuscrit!  
 
SYLVESTRE 
Je sais que ces temps-ci, ma parole est rudement mis en doute, ainsi que celle de mon grand-père qui n'était pas aussi poivrot qu'il en avait l'air. 
 
ROBERTO 
Figurez-vous, Messieurs, que Frère David eut recours à un procédé original pour écrire la fin de son manuscrit, grâce auquel nous allons pouvoir représenter la pièce, dans son intégralité au tout début du mois prochain, dans votre château, Monsieur le Comte! 
 
SYLVESTRE 
Grand-père avait l'habitude d'envoyer de petits messages doux à Grand-mère durant leur jeunesse; pour éviter que les parents de celle-ci n'en lise le contenu il utilisa un procédé peu commun à ce jour.  
 
ROBERTO 
Le Grand-père de Sylvestre eut recours à une astuce que les messagers d'autrefois employait durant les guerres, de façon à camoufler les écrits, sans que l'ennemi parvienne à les comprendre. 
 
SYLVESTRE 
Dans quelques instants, messieurs, vous allez assister à un tour de passe-passe comme vous n'en avez jamais vu! 
 
ROBERTO 
Veux-tu allumer une bougie, Augustin? Ensuite, tu éteindras la lumière. 
 
AUGUSTIN 
Très bien. (Il sort) 
 
LE COMTE 
Que signifie cette mascarade, Roberto? 
 
SYLVESTRE 
Vous allez voir ce que vous allez voir, Monsieur le Comte! 
 
La lumière s'éteint 
 
AUGUSTIN, fait son retour avec une bougie allumée 
C'est beaucoup mieux la bougie que l'éclat violent du néon. 
 
ROBERTO, prend la bougie dans ses mains 
Maintenant, Messieurs, je vais vous demander de vous rapprocher et d'être attentif à ce qui va suivre. Ouvrez grand vos yeux! Je sors un papier de ma poche à présent, et comme vous pouvez le remarquer, aucune écriture ne figure sur ce papier qui se trouvait dans le manuscrit dont je suis en train de finaliser l'adaptation théâtrale. 
 
LE COMTE 
Le manuscrit de Frère David! 
 
ROBERTO 
Dans quelques secondes apparaîtront des écrits sur ce papier. Il suffit simplement de placer la bougie derrière, et le tour est joué. L'auteur utilisa du jus de citron en guise d'encre, et c'est ainsi qu'il camoufla la fin de son récit. 
 
LE COMTE 
Pourquoi donc a-t-il eut recours à cette astuce? 
 
ROBERTO 
Ses écrits étant trop dénonciateurs à leur époque, et pouvant par-là même contre verser les courants politiques du moment, l'auteur, sachant sa vie en danger, préféra les conserver dans le plus grand secret. 
 
AUGUSTIN 
Etonnant! 
 
SYLVESTRE 
Et c'est ainsi que Grand-mère succomba au charme de grand-père, charme que possèdent d'ailleurs tous les membres de la famille! 
La lumière se rallume à ce moment-là. 
 
LUCIE, entre 
Christophe Rodolphe ! Comme je vous retrouve! 
 
LE COMTE 
Vous voilà enfin, ma belle hirondelle! 
 
LUCIE 
C'est le voisinage qui m'a conduit jusqu'à vous. 
 
LE COMTE 
Je ne vous remercierai jamais assez, Sylvestre! 
 
LUCIE 
Mon père vous autorise à prendre ma main! 
 
LE COMTE 
Messieurs, j'ai l'honneur de vous présenter, Lucie De Modestie, ma future fiancée! 
 
AUGUSTIN 
Voilà un évènement qui mérite d'être salué! 
 
Mamouzelle entre 
 
SYLVESTRE 
Je crois bien qu'il y a un autre évènement à considérer, cher Maître! Sa crise lui est passée, semble-t-il!? 
 
Mamouzelle se jette dans les bras d'Auhustin. 
 
ROBERTO 
En ce soir de pleine lune, les rendez-vous ne manquent pas d'être chaleureux. 
 
Soudain le téléphone sonne... 
 
AUGUSTIN, va décrocher le téléphone 
Auberge de la Licorne! J'écoute! (Puis il tend le téléphone à Roberto) C'est pour toi, Roberto, il s'agit de Mademoiselle Roméo. 
 
ROBERTO, se saisit du téléphone 
Allo, ma chérie! Comment? Tu es à la gare de Montpellier! Très bien, arrive de suite! (Il raccroche le téléphone ensuite) Veux-tu bien préparer sept couverts, Mamouzelle! Ce soir je vous invite tous à dîner! Surtout, que personne ne bouge d'ici, je serai de retour dans une heure. 
 
LE COMTE 
Et si nous allions prendre un peu l'air, Lucie, en attendant son retour? (Il entraîne Lucie vers la sortie)  
 
AUGUSTIN 
Il y a un problème, Roberto, nous n'avons que du saucisson à grignoter! 
 
MAOUZELLE 
Je peux toujours improviser quelque chose, Messieurs. Je connais une recette qui ne me prendra pas plus d'un quart d'heure! 
 
ROBERTO 
Mademoiselle Roméo en sera ravie! A tout de suite! (Il quitte les lieux) 
 
Mamouzelle entre dans la cuisine 
 
AUGUSTIN 
Accompagnez-moi jusqu'à la cave, Sylvestre! Je vais avoir besoin de vos deux bras pour remonter une caisse "Champinelle"! 
 
SYLVESTRE 
Après quoi je me farcirais bien du saucisson, cher Maître! 
 
Sylvestre et Augustin rentrent dans la cave... 
 
 
 
Fin de l'Epilogue 
 
Fin de l’épisode. 
 
 
 


 

(c) EMILIEN CASALI - Créé à l'aide de Populus.
Modifié en dernier lieu le 27.01.2006
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